Conversation
Les réseaux sociaux et les dessinateurs ont réagi en masse aux attentats qui viennent de ravager Bruxelles. L’humour, souvent, étant «la politesse du désespoir»

Chaque pays, chaque ville, chaque communauté véhicule à sa manière sur les réseaux sociaux la solidarité qui naît après un ou ici des attentats meurtriers. Sous quel signe de ralliement allait-on fédérer la stupéfaction des attentats de Bruxelles?
Sur Twitter, pas de dentelle, un hashtag modulé selon sa langue maternelle #Bruxelles #brussels #bruselas #brysel et, en Turquie, #brüksel. Sur la carte de Trendsmap, c’est une noria de ces déclinaisons linguistiques qui endeuillent le territoire européen. Faisant comme un écho aux premières déclarations du président Hollande: «Le terrorisme a frappé la Belgique, mais c’est l’Europe qui est visée et c’est le monde qui est concerné».
Et puis, sur un coin des statistiques, cet autre hashtag qui apparaît comme un rituel presque fatigué: #jesuisbruxelles. Ce qui donne au dessinateur algérien Dilem l’occasion de ce dessin publié sur le site de TV5Monde:
.@dilemofficiel réagit aux attentats de #Bruxelles https://t.co/CgMwjzBVH1 pic.twitter.com/Btp7SqNYTy
— TV5MONDE (@TV5MONDE) March 22, 2016
«Je suis Mali, Je suis Ankara, Je suis Ouaga, Je suis Beyrouth, Je suis Kenya» et aujourd’hui, «Je suis Bruxelles»: la litanie ne semble pas devoir finir. Comme ne semble jamais plus être au chômage le gimmick né à Paris, «Je suis Charlie».
Mais la Belgique est aussi, comme le font rapidement remarquer sur les réseaux, le pays de la bande dessinée et de l’humour parfois iconoclaste et grinçant. En témoignent donc immédiatement ces dessins qui sont tweetés et retweetés en boucle comme celui de Geluck:
Ce peuple a érigé l'humour comme meilleure arme, je suis sûr qu'ils sortiront plus forts. #Bruxelles @GeluckOfficiel pic.twitter.com/DGqOKPVL9X
— Nicolas Blin (@nicolasacco) March 22, 2016
Ces références à Tintin:
Je suis avec vous.... C'est insupportable. #Bruxelles pic.twitter.com/fWufmGy16X
— Cathy (@cathyetlemonde) March 22, 2016
Ces bidonnages stridents:
Je suis moules-frites. Je suis BD. Je suis Atomium. Je suis chocolat. Et pour les terroristes... #Bruxelles pic.twitter.com/wKH5RXStF7
— Jean-Manuel Tétris (@Canalha034) March 22, 2016
Le monde et donc «Bruxelles», dans l’émotion, dans l’humour, dans le décalage ironique qui est l’humour de la tragédie. Le monde est-il «Tintin» pour autant? Car en matière d’icônes, le glissement semble s’imposer. Maître Eolas, l’illustre avocat masqué de Twitter ose le panonceau:
— Maitre Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) March 22, 2016
Il y en a un qui toussote méchamment, rapport au passé d’Hergé et qui suggère qu’on pourrait trouver un autre symbole. Mais Tintin remue des enfants aux arrière-grands-parents. Et bien des dessinateurs aussi, comme Sfar qui poste cette interprétation:
Joann Sfar rend hommage à Bruxelles avec trois dessins touchants https://t.co/AZCNMqBrBV pic.twitter.com/NTSHmZehUF
— les inrocks (@lesinrocks) March 22, 2016
Un Joann Sfar qui pense aussi au Manneken-Pis:
Joann Sfar rend hommage à Bruxelles avec trois émouvants dessins
— les inrocks (@lesinrocks) March 22, 2016
https://t.co/khPdLLdFB1 pic.twitter.com/rAc19eivAf
On pourra, comme cela, égrener à l’infini la timeline de Twitter, montrer Plantu (que Manuel Valls a immédiatement retweeté).
Mais, parmi cette abondance des hommages, concentrons-nous sur ce détournement qui nous rappelle enfin que, réseaux sociaux ou presse, c’est toujours dans ces circonstances tragiques qu’homo sapiens exprime le propre de l’humanité: vouloir savoir, vouloir lire, vouloir voir et comprendre. Vouloir, en un mot: participer à la souffrance d’autrui:
#JeSuisBruxelles pic.twitter.com/Z9UfGjZUme
— Vladdo (@VLADDO) March 22, 2016
Et dans ces cas-là, Bruxelles ou Tintin, peut importe: c’est la compassion qui domine:
#JeSuisBruxelles: Worldwide support for #Brussels pours in on social media https://t.co/nmqf3k8xlw pic.twitter.com/cKDJlaavCK
— TODAY (@TODAYshow) March 22, 2016
Les Opinions publiées par Le Temps sont issues de personnalités qui s’expriment en leur nom propre. Elles ne représentent nullement la position du Temps.