A la recherche d’un modèle industriel, les Européens se tournent trop vers l’Allemagne. L’Emilie-Romagne offre une alternative intéressante
Editorial
Etonnante Italie du Nord
C’est devenu un cliché. L’Europe du Sud se meurt lentement mais sûrement. Le crépuscule de son industrie semble inéluctable.
En réalité, il n’y a pas de fatalité. Il existe des régions du Vieux Continent où le secteur secondaire a intelligemment préservé sa compétitivité et continue de gagner des parts de marché. Et si les mesures d’austérité ont déjà décimé un grand nombre de sites industriels européens, au nord de l’Italie les années de résultats record se succèdent. Les entreprises embauchent à tour de bras.
La Péninsule de Silvio Berlusconi angoissait les observateurs européens. La géographie n’étant alors plus l’unique cause de proximité avec la Grèce. Avec l’arrivée au pouvoir du technocrate Mario Monti en novembre 2011, le pays est sorti du collimateur des marchés financiers. Sans déjà parler de confiance retrouvée, Rome peut à nouveau emprunter de l’argent à des taux raisonnables. La production industrielle a interrompu sa tendance à la baisse. Les élections attendues au printemps 2013 seront, toutefois, décisives quant au maintien des réformes engagées.
«Il n’y a pas de secret», répondent les Bolonais quand on leur demande pourquoi leur industrie spécialisée dans les machines d’emballage encaisse si bien le choc de la crise. Des investissements continus dans l’innovation, un marché de niche tourné vers l’exportation, l’entretien d’une culture industrielle historique, un tissu de petites entreprises soudées… La recette semble simple. Et, autre point commun avec la Suisse, l’industrie italienne n’a pas eu besoin de ministre du Redressement productif.
En plein débat sur la compétitivité de leur industrie, certains de nos voisins restent trop souvent tournés vers l’Allemagne, érigée en modèle absolu. Ils pourraient combattre les clichés. Et s’inspirer du modèle de l’Emilie-Romagne.