ÉDITORIAL. Swisscom et Sunrise avertissent d’un risque de saturation élevé des réseaux, notamment à cause des moratoires sur la 5G. Une menace pour l’heure impossible à percevoir, ce qui rend le travail des opérateurs très difficile

Les responsables marketing et communication de Swisscom, de Sunrise et de Salt ont dû transpirer, ces derniers jours. Avertis, comme chaque année, des résultats de l’étude Connect sur leurs réseaux avant sa parution, ils étaient face à un dilemme. Fallait-il insister, auprès du public, sur l’excellence de leurs services? Ou avertir d’un risque élevé de saturation des réseaux? Si Salt a opté pour la première solution, ses deux concurrents ont choisi un mélange entre ces deux stratégies, avec en fin de compte un résultat difficile à lire.
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C’est là tout le problème des opérateurs suisses. Comment prévenir leurs clients, qui bénéficient de services de classe mondiale, de la menace d’un engorgement des réseaux? Le spectre de la saturation est évoqué depuis des années par Swisscom et Sunrise – Salt a semble-t-il encore de la marge –, mais sans éléments tangibles à présenter. Aujourd’hui, passer des appels vidéo avec son téléphone ou regarder un film en streaming s’effectue sans souci, que l’on soit en ville ou à la campagne. Dans ces conditions, difficile d’alerter sur un danger de saturation si immatériel.
Et pourtant, les opérateurs sont inquiets. Il y a un mois, le responsable réseau de Swisscom, Christoph Aeschlimann, affirmait que la situation avait empiré. La faute principalement aux moratoires cantonaux sur la 5G – notamment en Suisse romande – et aux nombreuses oppositions communales. L’an passé, la consommation de données mobiles a augmenté de 29%, mais l’opérateur affirme n’avoir pu étendre son réseau que de 5% durant la même période. De plus, les oppositions contre la 5G bloquent aussi l’expansion de la 4G, jugée urgente par l’opérateur.
Voir aussi notre débat: 5G: évolution technologique ou danger pour notre société?
Les avertissements de plus en plus insistants des opérateurs doivent être entendus. Et c’est aujourd’hui aux cantons d’agir pour débattre rapidement de la levée des moratoires, dont la légalité est fortement questionnée. Il faut aussi que la Confédération agisse, se prononce clairement sur ces moratoires et propose des solutions pour sortir de cette impasse. En conservant toujours, c’est évident, des normes strictes sur le rayonnement.
Le problème, c’est que le débat sur la 5G dépasse la 5G. Les opérateurs sont face à une opposition insaisissable, comme on l’a vu la semaine passée lors d’un débat organisé par Le Temps: de nombreux anti-5G demandent en réalité un débat de fond sur notre modèle de société, sur la croissance économique, sur notre respect de l’environnement et sur notre hyper-connectivité. Face à de telles remises en question, les opérateurs télécoms sont démunis. Ils n’ont ni l’envie d’entrer dans de telles discussions, ni les armes pour le faire. Or ce sera sans doute nécessaire pour que nos réseaux demeurent, à terme, de qualité.
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Il y a 1 mois
Bonjour,
Ce serai enteressant d'avoir accès au chiffre réel de la capacité du réseau Swisscom. Car une augmentation de 5% de la capacité total peut très bien compensé une augmentation de 29% de l'utilisation des données mobile. Je ne dis pas que le réseau n'atteint pas ses limites mais c'est bizarre de jouer ainsi avec les pourcentage.
Il y a 1 mois
5% est relatif à la capacité globale: c'est une augmentation qui s'est faite via "la campagne" au sens large du terme.
29% est relatif à la bande passante consommée: elle impacte principalement les régions citadines et les concentrations de population.
Autrement dit, on a de la marge à Montricher, mais cela commence à coincer à la Riponne...
Il y a 1 mois
Je vous remercie pour cette explication
Il y a 1 mois
Il serait intéressant de se questionner sur la nature de cette augmentation fulgurante de la consommation de données. Si elle est essentielle au fonctionnement du pays (ce qui, au passage, m'étonnerait fortement), je comprends l'opinion de l'éditorialiste concernant la nécessité, pour la Confédération, de statuer. Et si cette augmentation est superflue (je pense à tous ces objets connectés inutiles, tels que des frigos connectés, des montres, des voitures etc.), je ne vois pas pourquoi le Conseil fédéral devrait encourager cette consommation insensée, en désaccord complet avec le mode de société que nous devrions enfin adopter.
Enfin: est-il nécessaire que tout aille toujours plus vite? Est-il indispensable de pouvoir regarder Netflix en HD au sommet des Alpes? L'existence était-elle à ce point insupportable avant l'internet à haut débit, qu'il soit devenu un enjeu public et politique de rendre toutes les connexions toujours plus performantes?
Il y a 1 mois
Que feriez-vous pour maintenir ou faire croître votre entreprise si vous étiez un opérateur? Vous vous plaindriez constamment de valeurs limites trop faibles et d'un risque élevé de saturation réseau! Anouch Seydtaghia estime que les cantons doivent «débattre rapidement de la levée des moratoires». Preuve que le spectre de la saturation est un argument d'instrumentalisation. Pourtant, le terme lui-même ne signifie rien. Ce n'est pas «un réseau» qui est saturé, tout au plus ce sont des segments déterminés géographiquement et temporellement. Nul en dehors des opérateurs ne sait ce qu'il en est. Faut-il les croire? Quoi qu'il en soit, les opérateurs peuvent limiter la consommation par utilisateur pour réguler les flux, et la qualité des vidéos peut être ajustée au débit disponible.
Il y a 1 mois
La crainte de la saturation du réseau est infondée, selon moi. A l'heure où la majorité de la population est pleinement équipée en appareils mobiles, je doute que la consommation va continuer à s'accroître de manière exponentielle ces prochaines années. Je pense qu'on ne doit pas être loin d'atteindre un plafond.
Quand bien même saturation il devait y avoir, il serait beaucoup plus judicieux de se tourner vers des solutions plus sûres, tant d'un point de vue sanitaire que sécuritaire, et plus respectueuses de l'environnement, car bien moins énergivores que la 5G qu'on cherche à nous imposer. La première étape, très simple, serait de favoriser au maximum les connexions filaires par fibre optique pour les usages intérieurs (qui correspondent à environ 80% des communications). Une solution radicale pour désengorger drastiquement les réseaux.
Comme pour la cigarette, un simple changement au niveau des habitudes de consommation permettrait d'avoir de très grands effets et soulignerait à quel point la 5G est définitivement inutile !
Message envoyé depuis un PC connecté à la fibre optique (qui a été installée à grands coûts dans quasi toute la Suisse, rappelons-le).