ÉDITORIAL. Ce mercredi, des centaines de milliers d’enseignants font grève. La semaine prochaine, ce sera au tour des infirmiers. Le Royaume-Uni fait face à de multiples crises. A Downing Street, les jours du premier ministre, Rishi Sunak, sont peut-être comptés

Des centaines de milliers de Britanniques dans la rue dont des enseignants, cheminots et infirmiers, une inflation galopante, des coûts énergétiques astronomiques. Ce n’est pas le Royaume-Uni du travailliste Jim Callaghan de la fin des années 1970, mais celui de Rishi Sunak, le cinquième premier ministre tory depuis que les conservateurs ont repris Downing Street en 2010 après treize ans de pouvoir travailliste.
Les crises multiples, économique, sociale, sanitaire, constitutionnelle, que traverse le Royaume-Uni peuvent s’expliquer en partie par une succession malheureuse de phénomènes imprévus: la crise financière de 2008, le Brexit, la pandémie de covid et les conséquences de la guerre en Ukraine. Mais elles relèvent aussi de l’incompétence criante d’un personnel politique qui n’a jamais réussi à développer une vision politique pour le pays.
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Le Brexit coûte plus de 120 milliards par an
Depuis le départ de Gordon Brown, le Parti travailliste s’est montré extraordinairement faible. Du côté des tories, ce n’est pas mieux. Misant sur les europhobes pour accéder à la tête du parti en 2005 puis du pays en 2010, David Cameron a placé avec légèreté le Royaume-Uni sur la trajectoire dévastatrice du Brexit, pariant sur le miracle libéral de la «Big Society». L’un de ses successeurs, Boris Johnson, a vendu du mensonge en laissant croire que le Royaume-Uni avait la capacité, hors de l’Union européenne, de reconquérir son influence d’antan. Or, même la politique étrangère offensive de Londres par rapport à l’Ukraine ne trompe personne.
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Pour ses 100 premiers jours, Rishi Sunak doit gérer une situation intenable. Le Brexit coûte au pays plus de 120 milliards de francs par an en perte de production, et le Royaume-Uni est la seule économie majeure qui devrait être en récession cette année. La paupérisation d’une partie de la nation ne cesse d’alimenter la colère sociale et les syndicats, qu’on croyait définitivement cassés après les années Thatcher, retrouvent leur force de frappe.
Face à un Royaume-Uni en crise, la faiblesse du pouvoir politique n’augure rien de bon. Et au vu de l’actuelle inflexibilité du premier ministre face à la contestation, les jours de Rishi Sunak à Downing Street pourraient être comptés.
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