Pollution, abattage de masse dans des conditions atroces, et récemment, découverte de risques pour la santé: notre consommation de viande, toujours plus importante, est sous le feu des critiques. Nous, humains omnivores, devrions-nous nous abstenir de manger notre cousin animal, au nom de devoirs moraux, comme le soutien le philosophe François Jaquet, rappelant que 65 milliards d'animaux sont tués chaque année?

Ou, au nom du bon goût gustatif et d'un certain art de vivre, passerons-nous outre ces avertissements, comme le préconise Julie Bousquet, blogueuse culinaire? Le débat est passionné et ne fera que grandir, avec l'intensification toujours plus forte de l'élevage.


François Jaquet: «Dire halte à l'hécatombe»

«Il faut manger cinq fruits et légumes par jour, faire du yoga, arrêter la clope, boire avec modération. Voire pas du tout, si l’on tient à conduire. Sauf qu’il ne faut pas conduire, parce qu’il ne faut pas polluer. Et maintenant, il faudrait arrêter la viande?

En bon libéral, je suis d’avis que chacun fasse ce que bon lui semble, tant qu’il ne nuit qu’à lui-même. Je vous épargne donc l’argument sanitaire. Et c’est tant mieux, parce qu’il n’est pas très convaincant. Aux dernières nouvelles, manger de la charcuterie matin, midi et soir n’est pas une bonne idée si l’on aime un tant soit peu la vie. Mais une cuisse de poulet tous les mardis n’a jamais tué personne.

Si ce n’est le poulet. Et c’est bien le problème...»

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Julie Bousquet: «Une affaire d'instinct et de désir»

«Dans des sociétés d'abondance où la survie n'est pas en jeu, je suppose qu'il n'est pas indispensable de manger de la viande (son apport nutritionnel peut être remplacé). Les raisons pour ne pas arrêter de manger de la viande seraient donc de l'ordre de la culture, de l'émotion.

C'est mon instinct qui me dicte de manger de la viande, la théâtralité autour de cet aliment, un certain sens sacrificiel qui semble accompagner l'humanité depuis ses mythes fondateurs. J'aime le goût de la viande rouge, comme un enfant que j'ai entendu demander si la viande cuisinée était sanglante car il «adore le goût du sang».

Manger fait partie de ce chemin non linéaire qui va de la vie à la mort en passant par l'échange, le partage, la procréation, la lecture, la parole, la danse, la flânerie. Manger de la viande c'est prendre acte symboliquement d'une certaine cruauté de la vie...»

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