Opinion
OPINION. La grève des femmes du 14 juin prochain est-elle une forme de marketing politique de gauche, comme l’écrivait «Le Temps» dans un éditorial? Le Collectif pour la grève féministe et des femmes réagit

Nous sommes parmi les initiatrices et militantes du mouvement pour une grève féministe et des femmes* en Suisse. Nous sommes des femmes de toutes sortes et de tous genres. Certaines sont socialistes (comme le dit Le Temps) ou membres d’un parti, d’autres ne le sont pas. Certaines sont élues ou candidates à des élections, d’autres ne le sont pas. Certaines sont membres d’un syndicat ou d’une association, d’autres ne le sont pas. Grâce à la lutte de nos aînées, auxquelles nous rendons hommage, une partie d’entre nous a le droit de vote, d’autres ne l’ont pas.
Pas du marketing
Derrière notre mouvement pour la grève féministe et des femmes ne se cache aucune opération de marketing politique, mais juste la réalité de nos vies. Cette réalité que nombre de politiciens de tous bords et de tous genres ignorent la plupart du temps. La violence sexiste qui tue. Les bas salaires et les inégalités qui ne se justifient pas. Les stéréotypes qui nous enferment et les injonctions de toutes sortes qui nous oppriment. Car, à des degrés certes différents, nous sommes toutes confrontées au sexisme, aux discriminations, aux stéréotypes sur le lieu de travail, dans la rue, à la maison.
Comment ne pas s’interroger sur un système économique qui épuise nos vies et notre environnement?
Dans un manifeste que nous avons élaboré ensemble, nous avons inscrit dix-neuf raisons de faire grève. Ce manifeste n’est pas exhaustif et ne prétend pas clore le débat, qui a été passionné. Au contraire, son but est de rendre visibles les problématiques et les revendications qui nous tiennent à cœur pour qu’elles soient discutées par tout le monde, partout, tout le temps d’ici au 14 juin 2019 et au-delà.
Critique du capitalisme
On nous reproche de critiquer l’économie capitaliste parce que nous voulons mettre au centre de nos préoccupations et de nos actions l’être humain, l’équilibre écologique et la vie en lieu et place de l’argent et du profit. Nous assumons cette critique. Comment ne pas s’interroger sur un système économique qui épuise nos vies et notre environnement? La grève et les manifestations des jeunes pour le climat viennent confirmer l’urgence de se poser aussi ces questions.
La grève féministe et des femmes du 14 juin 2019 se fera avec toutes celles qui veulent participer, chacune selon ses possibilités. Ce sera une grève du travail rémunéré, une grève du travail domestique et de soin non rémunéré, mais aussi une grève des étudiantes et une grève de la consommation. Ensemble, faisons grève le 14 juin 2019 pour l’égalité, contre les discriminations et la violence sexiste!
*Toute personne qui n’est pas un homme cisgenre (soit un homme qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance)
La liste complète des plus de 200 signataires est consultable sur le site: www.grevefeministe2019.ch
Lire aussi: Grève des femmes, grève de gauche?
- Fabienne Abramovich, cinéaste
- Michela Bovolenta, secrétaire syndicale
- Vanessa Cojocaru, responsable communication
- Leana Ebel, formatrice d'adultes
- Manuela Honegger, politologue
- Tamara Knesevic, étudiante
- Mary Mayenfisch-Tobin, avocate
- Françoise Nyffeler, enseignante
- Charlotte Passera. graphiste
- Chloé Veuthey, journaliste
Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.