ÉDITORIAL. Alors que l’issue de la votation sur l’initiative migratoire de l’UDC aurait dû apporter un brin de sérénité, la Suisse et l’UE bandent leurs muscles à l’heure de conclure l’accord-cadre

Le 27 septembre dernier, de nombreux partisans de la voie bilatérale sont passés de la victoire au psychodrame en quelques heures. Ils avaient vaincu l’UDC et son initiative de résiliation de la libre circulation des personnes sur un score inespéré de 62%. Ils auraient pu en profiter pour accorder un soutien plus appuyé au Conseil fédéral dans sa tâche de conclure un accord-cadre avec l’UE. Au lieu de cela, des personnalités de tous bords politiques ont dramatisé la situation en voyant dans cet accord des aspects «toxiques» pour la souveraineté du pays.
Lire aussi notre portrait du nouvel ambassadeur de l'UE à Berne: Petros Mavromichalis, l'ambassadeur qui ne prend pas de gants
De son côté, l’UE bande aussi les muscles et met la Confédération sous pression en lui enjoignant de signer l’accord «sans délai». Après avoir refusé l’équivalence boursière à la Suisse – une mesure de rétorsion qui n’a pas eu l’effet escompté –, elle la relègue de la première à la dernière catégorie concernant la participation à son prochain programme européen de la recherche. Elle refuse aussi de conclure un accord sur la santé. En pleine période de pandémie et de menace d’une seconde vague de coronavirus, cette attitude est non seulement déplacée, mais franchement choquante. Elle ne fait qu’attiser l’euroscepticisme en Suisse.
Halte à l’escalade! A Berne comme à Bruxelles, on serait bien inspiré de cesser cette surenchère qui ne fait qu’exacerber les tensions.
Lire également: Voie bilatérale, le risque de l’agonie
Entre les deux parties, la voie bilatérale fait l’objet d’un gros malentendu qui perdure. Durant plus de dix ans, la Suisse l’a érigée en «voie royale» après l’échec en votation de la participation à l’Espace économique européen (EEE). Cela étant, elle oublie que l’UE la lui a proposée comme une étape de transition, le Conseil fédéral ayant à l’époque déposé une demande d’adhésion. Celle-ci ayant été retirée, il est logique que Bruxelles lui réclame un accord-cadre pour que chaque pays ayant accès au marché intérieur respecte les mêmes règles du jeu.
Historiquement, c’est la Suisse qui a voulu la voie bilatérale. A elle de veiller à ce qu’elle ne s’érode pas dangereusement dans les cinq à dix ans. A Bruxelles d’éviter ces «piques» ressenties comme des représailles à Berne, surtout dans des dossiers qui n’ont rien à voir avec l’accès au marché intérieur. Les deux parties ont intérêt à la conclusion de cet accord-cadre.
Vos contributions
connexion créer un compte gratuit
Il y a 3 mois
Pas sûr que Cassis ne soit ni qualifié, ni compétent pour négocier l'avenir de la Suisse en Europe.
Il y a 3 mois
A moults reprises, la voie bilatérale a été plébiscitée.
L'abandon majeur de souveraineté induit par l'accord-cadre est impossible à minimiser.
La voie solitaire se profile.
Cela sera pénible. Ensuite, il faudra renégocier des bilatérales 2.0, forcément.
Il y a 3 mois
Nos hommes politiques, tout pays et partis confondus, auraient ils perdus le nord.
Il y a 3 mois
Peut-être que si la Banque Nationale Suisse cessait de financer à hauteur de plusieurs milliards de EUR chaque mois les gouvernements des principaux pays de l'UE, via sa politique de stabilisation du franc et ses achats d'obligations d'état, et même, commençait à se débarrasser de sa masse de plus de 600 milliards d'obligations de ce type ( https://www.snb.ch/fr/iabout/assets/id/assets_reserves ), cela ferait mieux bouger les choses qu'un plébiscite aux urnes ou autres déclarations de bonne volonté de la Confédération.