Autre source de préoccupation: l’évolution salariale chez les employés qui ont une certaine ancienneté, ou encore chez les personnes avec un CFC ou un diplôme de formation professionnelle supérieure. Ces travailleurs n’ont eu droit qu’à de modestes hausses de salaires alors qu’ils apportent une contribution importante à la bonne marche des entreprises grâce à leur expérience et leurs compétences.
Les hauts revenus en revanche s’en sortent beaucoup mieux: les salaires des «top managers» affichent des augmentations encore plus fortes qu’auparavant, de l’ordre de 10%. En 2020 et 2021, en pleine période de pandémie, les rémunérations des patrons dans les grands groupes suisses ont augmenté de 8% en moyenne, soit d’environ 400 000 francs par année.
Les primes devraient s’envoler
Comme si ce n’était pas assez difficile pour les gens qui gagnent peu ou normalement leur vie, un choc au niveau des hausses des primes maladie s’annonce pour cet automne. Selon des estimations, les primes devraient augmenter de 7 à 9%. Une famille de quatre personnes devra débourser 1000 francs de plus pour l’assurance maladie l’année prochaine.
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L’inflation et le choc des primes touchent aussi les retraités. En effet, les rentes du 2e pilier ne prévoient pas de compensation du renchérissement. Les rentes AVS, elles, vont augmenter un peu, mais de 2,4% seulement, soit moins que l’inflation, en cas d’application du mécanisme normal. Et si AVS 21 est acceptée le 25 septembre, la TVA va augmenter de 0,4%, ce qui va encore grever le budget des ménages de retraité-e-s.
Pour de larges pans de la population, les perspectives financières sont plutôt sombres. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des solutions à ces problèmes de pouvoir d’achat. L’économie suisse se porte bien. Dans les sondages sur la conjoncture, la plupart des entreprises font état d’une bonne, voire très bonne situation commerciale. Même le secteur de la restauration et de l’hôtellerie a repris des couleurs après avoir longuement souffert des effets de la pandémie. Beaucoup d’entreprises augmentent leurs prix. C’est donc une excellente base pour des hausses de salaires générales afin de compenser le renchérissement et pour que tout le monde profite de la bonne forme de l’économie suisse via une hausse des salaires réels. Les syndicats présenteront leurs revendications salariales le 2 septembre.
Pour faire face au choc des primes maladie, il faut impérativement qu’il y ait davantage de réductions de primes. En juin, le Conseil national a fait un pas important en allouant 2,2 milliards de francs supplémentaires à cette fin. Le Conseil des Etats doit le suivre.
Augmenter les subsides
Le problème des pertes de pouvoir d’achat pour les retraités reste entier. Lors de l’introduction du système des trois piliers, le Conseil fédéral avait promis à la population qu’il y aurait une compensation du renchérissement dans le 2e pilier, comme dans le 1er pilier. Cette promesse n’a pas été tenue jusqu’ici. En revanche, AVS 21 prévoit une détérioration de la situation des femmes et des couples en matière de retraite: il leur manquera une année entière de rente. Cette réforme est à rejeter.
Il est temps que les mentalités changent au parlement. Au lieu de baisser les impôts pour les grandes fortunes et les entreprises, nous avons besoin de mesures qui améliorent les revenus des gens qui gagnent normalement leur vie. Augmenter les subsides pour l’assurance maladie (réduction des primes) représenterait un premier pas très important. Compte tenu des baisses de pouvoir d’achat pour les rentes de vieillesse, une compensation complète du renchérissement est indispensable pour 2023. Et il faut, en plus, une hausse nominale des rentes. L’introduction d’une 13e rente AVS, demandée par une initiative syndicale, permettrait d’alléger rapidement les difficultés des retraité-e-s en matière de pouvoir d’achat.