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Milieu agricole divisé
Sur les réseaux sociaux, les avis sont partagés. «C’est un choix de société à faire entre continuer à donner la mainmise sur notre alimentation aux dix entreprises alimentaires mondiales ou revenir à une alimentation plus saine, durable et souveraine», déplore sur Facebook une internaute visiblement mécontente de la tournure des événements.
Sur Twitter, @ymbaechler salue au contraire le «réveil des consommateurs-citoyens qui ne veulent pas se faire «hara-kiri» par des paysans suisses surprotégés qui les grugeront». Au milieu du gué, un internaute prône le pragmatisme: «Au lieu de lire les arguments politiques, allez directement demander au paysan du coin ce qu’il en pense. Après tout, ils savent mieux que nous ce que cela impliquera pour eux.» Problème: le milieu agricole est lui-même divisé sur le sujet.
«Le diable se cache dans les détails»
Un départ en trombe puis un enthousiasme qui s’étiole, nombre d’initiatives populaires ont connu cette déconvenue. «C’est classique, confirme Philippe Nantermod, conseiller national PLR. Au départ, on ne parle que du titre et du «message» véhiculé. Or, le diable se cache dans les détails et le peuple réalise petit à petit que ces initiatives apportent beaucoup plus de problèmes que de solutions.»
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A ses yeux, différents arguments ont pu faire fléchir les votants: l’argument financier [les opposants évoquent une hausse des prix des denrées en cas de oui], le rejet d’une «agriculture trop planificatrice qui décide ce que l’on doit manger et comment on le produit», mais aussi la crainte de «violer les accords de libre-échange qui assurent la prospérité de la Suisse».
«Nos adversaires déforment le contenu de l'initiative»
Du côté des partisans, on accuse le choc. «La campagne de nos adversaires, qui déforment le contenu de l’initiative et ont été, en Suisse romande, jusqu’à s’en référer à la FRC, alors qu’elle soutient notre texte, fait malheureusement son effet», déplore la conseillère nationale verte Adèle Thorens.
«Nos opposants prétendent que notre initiative veut imposer les normes suisses aux importations ou obliger les consommateurs à n’acheter que du bio, c’est faux!» Elle juge l’argument du prix erroné: «Notre texte veut au contraire rendre les produits durables plus attractifs, puisqu’ils seront mieux valorisés et soutenus.»
Risque de péjoration?
Que comptent faire les Verts pour renverser la tendance? Continuer à marteler le «véritable objectif» de l’initiative, qui est de «renforcer la transparence et encourager les produits issus de modes de production équitables, respectueux des animaux et de l’environnement».
D’autant que, toujours selon Adèle Thorens, la situation risque de se péjorer à l’avenir. «Des accords comme celui avec la Malaisie ou Mercosur vont ouvrir plus encore nos frontières à de l’huile de palme issue de la déforestation et à de la viande produite dans de gigantesques élevages industriels. Est-ce vraiment ce que nous voulons dans nos assiettes?»