Intérêts, risques: tout savoir sur le télétravail
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CHRONIQUE. Le télétravail à temps partiel s’est généralisé en Suisse depuis la pandémie. Notre chroniqueuse revient sur l’intérêt mais aussi les risques de cette pratique avec le recul dont on dispose désormais

Les pionniers du télétravail en Suisse ont élaboré ses contours voici une dizaine d’années. Ce qui était une innovation en 2015 est devenu une quasi-obligation avec l’apparition du covid et du confinement imposé. Nous avons mené une mini-enquête tant le sujet est au centre de nombreux débats. Il est revendiqué en priorité par la jeune génération. Parmi nos interlocuteurs, des multinationales, des banques, des PME, des sociétés de production et notamment les SIG qui ont été précurseurs en la matière.
Commençons par une définition. Le télétravail est une activité professionnelle effectuée en dehors des locaux de l’employeur, au domicile, dans un espace de coworking, dans un bureau satellite ou de manière nomade. Le télétravail est un moyen de moderniser l’organisation du travail, en utilisant les technologies de l’information. Il reste toujours volontaire, tant pour le travailleur que pour l’employeur. Ce dernier a l’obligation de protéger la santé de ses employés et de rembourser les frais engendrés par le télétravail.
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En Europe, le télétravail a fait l’objet d’un premier accord-cadre volontaire en 2002 tandis qu’en Suisse, il ne fait l’objet d’aucune réglementation ad hoc mais est couvert par le Code des obligations (CO) et la loi fédérale sur le travail (LTr).
Soulignons encore que seuls certains métiers sont éligibles au télétravail, ce qui représente une minorité d’employés souvent perçue comme privilégiée.
Avantages et freins du télétravail pour l’employeur
Tout le monde s’accorde à dire que le télétravail à temps partiel augmente la flexibilité des ressources humaines, diminue les pertes de temps, l’absentéisme et les frais généraux de manière importante (surface de locaux, infrastructures de bureaux, énergie, climatisation, chauffage, coûts de transport, parkings, assurances, déménagements, etc.). Le télétravail exige un management performant, de la maturité et de la souplesse. Il favorise le travail par objectifs et permet aux employés de gérer l’organisation de leur temps de travail. C’est aujourd’hui un outil concurrentiel et indispensable pour attirer les jeunes générations et les talents.
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Cependant, des résistances demeurent car il est difficile de créer une culture d’entreprise à distance et de satisfaire le besoin du lien. Il n’est pas étonnant que, après le covid, les gens soient massivement revenus au bureau.
Avantages et freins du télétravail pour les collaborateurs
Vie professionnelle et vie personnelle sont mieux conciliées avec une plus grande autonomie dans l’accomplissement des tâches. Les trajets sont réduits, les nuisances sonores diminuées, on se concentre davantage, on gagne en efficience et en qualité de vie, on est valorisé et responsabilisé. La motivation s’en trouve renforcée.
Soulignons que le télétravail ne convient pas à tout le monde et peut parfois être pris à la légère.
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L’absence de contacts concrets est parfois durement ressentie et les risques psychosociaux augmentent.
Conclusion: collaboration, maturité, confiance et équilibre sont les maîtres mots du succès du télétravail, qui est en augmentation depuis une décennie mais loin d’être généralisé. Les avis diffèrent. Certains y voient la possibilité de mieux concilier emploi et famille, d’autres y voient le risque de conflits notamment en raison de l’excès de travail qu’il peut induire mais aussi de la présence gênante de la famille ou des interruptions dues à la vie domestique. Quant aux effets environnementaux, les bénéfices semblent positifs dans leur ensemble.
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