La famille d’abord. Le conseiller national socialiste Jean Christophe Schwaab a annoncé qu’il quittera ses fonctions sous la Coupole à la fin de l’année pour s’occuper de son fils de 7 ans qui souffre de troubles du développement et nécessite une présence accrue. Un choix aux allures de sacrifice, largement salué dans le microcosme politique et au-delà. En démissionnant pour permettre à sa femme de poursuivre son activité de médecin indépendante, le père de famille de 38 ans rejette le schéma patriarcal traditionnel.

Après six ans au Conseil national, Jean Christophe Schwaab a donc choisi de reléguer la politique au second plan. «Respect M. Schwaab, vous donnez un signal politique fort en faveur de la prise en charge d’enfants équitablement partagée par les parents», salue l’économiste @SautauxC sur Twitter. 

Dans 24 heures, l’éditorialiste Joëlle Fabre qualifie le choix «d’acte politique» et ajoute qu’on «aurait tort de réduire la démarche du socialiste vaudois à un acte banal d’autoglorification». Son collègue de parti Roger Nordmann déplore quant à lui une «immense perte de compétence pour le groupe PS Suisse».

Réactions tous azimuts

Sur le profil Facebook de Jean Christophe Schwaab, connaissances et amis le congratulent. «Sa décision est à souligner en ces temps où ce sont plutôt les mauvais exemples masculins qui s’affichent», pointe un usager, alors qu’un autre va jusqu’à affirmer: «C’est grâce à des hommes comme toi que l’égalité hommes-femmes se mettra en place.» Joint par téléphone, l’intéressé se dit lui-même «impressionné et touché par le nombre de réactions positives, tous bords politiques confondus».

Je suis un faux milicien, pratiquement toutes mes activités sont liées à la politique

Jean Christophe Schwaab

«L’égalité n’est pas atteinte»

Il faut dire qu’en plein débat sur le congé paternité, l'ex-secrétaire central et juriste de l’Union syndicale suisse de 38 ans endosse malgré lui le rôle du parfait père au foyer. «Ce n’est pas mon intention première, mais si je peux être un modèle, tant mieux», précise-t-il. Un homme met sa carrière entre parenthèses et tous les médias applaudissent. Ils en font moins, en revanche, sur ces femmes qui, volontairement ou non, baissent leur taux d’occupation ou renoncent à travailler pour s’occuper de leur enfant. En politique ou ailleurs. «C’est bien la preuve que l’égalité n’est pas atteinte», admet Jean Christophe Schwaab. Son choix est-il une conséquence du système de milice? «Je ne crois pas, estime-t-il. En ce qui me concerne je suis un faux milicien, pratiquement toutes mes activités sont liées à la politique.»

Les difficultés des proches aidants

A travers son geste, celui qui est aussi élu à l'exécutif communal de Bourg-en-Lavaux entend plutôt pointer les lacunes du droit du travail à l’endroit des proches aidants. «Il octroie très peu de flexibilité au collaborateur qui souhaite réduire son activité ou aménager ses horaires pour prendre soin d’un aîné ou d’un enfant handicapé. L’employeur tient le couteau par le manche.»

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De fait, questionne un internaute sur le site de 20 minutes: «Combien de personnes sont dans son cas mais à la différence qu’ils ne peuvent pas quitter leur travail faute d’argent ou d’aide?» Un autre ajoute: «Que votre exemple puisse aider tous les parents si nombreux dans votre situation, mais moins visibles!» Plutôt que de négocier au cas par cas, il préconise d’agir via les conventions collectives.

Renoncement d’une autre nature

Au détour des commentaires, un internaute pointe un renoncement d’une autre nature: «Dire que tout récemment une maman voulait être conseillère fédérale, être «pionnière». Donc ne pas voir grandir ses enfants…» La conseillère d’Etat vaudoise Jacqueline de Quattro rappelait à ce propos: «Aux hommes, on leur demande leur vision de la Suisse. Par contre, on veut savoir comment une femme organise la garde des enfants.» A Berne, 46 femmes siègent au Conseil national. Parmi elles, très peu ont des enfants en bas âge.

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