Jean-Marie Cleusix, le mal-aimé
Valais
Après avoir été acculé à une démission «négociée», l’ancien chef du Service de l’enseignement a été nommé professeur de philosophie au collège de Saint-Maurice. Les twittos valaisans sont scandalisés

Jean-Marie Cleusix est sans doute l’homme le plus détesté du Valais. Sa démission du poste de chef du Service de l’enseignement a été unanimement accueillie avec soulagement. Depuis sa nomination au poste de professeur de philosophie au collège de Saint-Maurice, enseignants, élèves et politiciens disent leur colère un peu partout et surtout sur les réseaux. Seul le ministre UDC de la formation, Oskar Freysinger, défend le fonctionnaire.
Si j'avais suivi les conseils de mes adversaires, ils brameraient deux fois plus. Heureusement que je suis sourd!
— Oskar Freysinger (@OskarFreysinger) 22 août 2016
La nomination de la discorde a rapidement engendré une polémique numérique. Sur sa page Facebook privée, le député libéral radical Stéphane Ganzer s’indigne: «Les manœuvres et bricolages d’horaire menés par les services d’Oskar pour sauver le salaire de Cleusix vont à l’encontre des règles morales, pédagogiques et économiques les plus élémentaires.» Lui-même enseignant, il conclut sur cette punchline popularisée par le président de Leytron, au moment où il dénonçait les tribulations fiscales de Jean-Marie Cleusix: «Foutage de gueule.»
Dans la foulée, la gauche gazouille contre Oskar Freysinger. Conseiller municipal socialiste de Sion, @fchappot félicite le conseiller d’Etat: «Nommer un prof en arrêt maladie, alors que l’année scolaire a commencé #Cleusix #ehbienbravo.» Le jeune vert @J_Savioz enchaîne: «Régler le cas Cleusix au plus vite, peu importe où et ce qu’il en coûte. La priorité d’OF à 7 mois de sa réélection.» Décrivant le fonctionnaire comme «un caillou dans la chaussure», @buercher ironise: «On dit que Cleusix enseignera philosophie et éthique fiscale.» Amer, @SebDubuis retient ce constat: «Politique des petits copains et omerta!»
#Cleusix se lancerait dans la chanson. https://t.co/Nv581tTosA
— Fournier Tintin (@TintinFournier) 24 août 2016
Les internautes les plus caustiques voient désormais Jean-Marie Cleusix un peu partout. Vice-présidente du PDC du Valais romand, @mariannemaret l’imagine nouvel entraîneur du FC Sion. Pour @TintinFournier, qui relève la ressemblance physique du fonctionnaire avec un baryton russe – Eduard Khyl dit Trololo, dont la vidéo a beaucoup fait rire la Toile – «#Cleusix se lancerait dans la chanson». @monsieurauguste le cherche dans les statistiques économiques de l’école romande: «Toi aussi, trouve #cleusix dans ce graphique.» Selon @DariusMacChifon, «le Conseil d’Etat valaisan serait en pourparlers avec Leytron pour placer Jean-Marie Cleusix au service des contributions». Le compte Twitter du blog L’1dex ajoute son humour grinçant:
AFFAIRE CLEUSIX. DOMMAGE QUE DOMINIQUE GIROUD NE SOIT PAS PHILOSOPHE https://t.co/fiCnJZbOQA via @1dex_valais
— 1dex_Valais (@1dex_Valais) 22 août 2016
C’est un communiqué de presse signé par les libéraux-radicaux, les démocrates-chrétiens et les socialistes qui relance la conversation. @OskarFreysinger lance ce tweet rageur qui pointe vers son blog: «Les faiseurs de profs nommeront-ils aussi les cantonniers?» @NicolasFellay lui répond: «Cleusix, le cantonnier des voies philosophiques». Ancien secrétaire du PDC valaisan, @Lucien_c interpelle le ministre: «Comparer #cleusix à un employé lambda revient à mépriser bien plus» que le «56 913 citoyens», qui lui ont donné leur voix. Pour le socialiste @gaelbourgeois, «@OskarFreysinger protège son petit soldat #Cleusix» plutôt que de gouverner.
.@OskarFreysinger protège son petit soldat #Cleusix plutôt que d'agir comme attendu d'un chef de Département ! pic.twitter.com/O5ZTKPrVXp
— Gael Bourgeois (@gaelbourgeois) 22 août 2016
Dans la bataille, quelques internautes tentent de prendre du recul. @metralch regrette une attaque politique: «Tirer sur l’ambulance #Cleusix pour atteindre Oskar #politiquepoliticienne.» Sur sa page Facebook privée, le président des jeunes libéraux-radicaux valaisans, Thomas Birbaum, résume: «Une pièce de grande qualité avec des rebondissements, de la haine, de l’amitié sincère, un acteur de premier plan, un metteur en scène stupéfiant par son audace, une déontologie bafouée… Que d’émotions dans ce canton!»
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