Jeune et élu? Faisons entendre nos voix!
Opinion
OPINION. Pour changer la politique, il y a certes le pouvoir de la rue, les actions concrètes ou encore les merveilles de notre démocratie semi-directe, écrit Lara Atassi, présidente du Parlement des Jeunes Genevois. Mais le plus efficace reste la représentation dans les instances de pouvoir

Alors que la population suisse subit sa plus grande crise depuis la Seconde Guerre mondiale, un petit village d’irréductibles suisses a décidé de tenir des élections municipales. En effet, le 15 mars, les Genevois ont renouvelé leurs exécutifs et législatifs municipaux. Renouveler? telle est la question… Certes, le renouveau était possible: plus de 200 jeunes, agé-e-s de 18 à 30 ans étaient candidats à leurs conseils municipaux ou administratifs cette année. Ne restait plus à la population que de choisir la nouveauté, de soutenir la relève…
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Mais pourquoi donc? Pourquoi faudrait-il que plus de jeunes participent à la vie politique? Pourquoi faudrait-il qu’on leur laisse une place dans les instances de pouvoir? La réponse tient en un mot: REPRESENTATIVITÉ. En effet, dans un idéal démocratique, il faudrait que les institutions politiques représentent l’entièreté de la population, que chacun puisse se sentir écouté et que les intérêts de chacun puissent être défendus, quels que soit son âge, son milieu socio-économique ou son lieu d’habitation. Et cela vaut notamment pour les jeunes. La jeunesse s’exprime, elle participe à la vie de la cité et elle prend pleinement part à la société, il suffit de voir le mouvement pro-climat qu’elle a mis en marche ou la solidarité qu’elle met en œuvre en ce moment pour aider nos aînés, pour s’en convaincre. Alors en tant que membre de la société, elle a également sa place dans nos instances politiques, car les actions qu’elle met en place sur le terrain doivent pouvoir se poursuivre plus largement, via ces dernières. De cette manière, elle pourra avoir un impact plus global, et proposer des solutions d’ensemble pour l’avenir.
Vision d’avenir
En effet, nous allons le vivre cet avenir, alors nous devons participer à le créer. Nos rêves, nos idéaux, même nos chimères devraient être les éléments centraux par lesquels les décisions sont prises, afin que nous puissions vivre dans le monde que nous souhaitons. Or c’est loin d’être le cas. Les intérêts et préoccupations à court terme prédominent dans les discussions et débats dans nos organes de pouvoir. Afin d’apporter une vision d’avenir, et qu’elle puisse se développer et mûrir, il faut que des jeunes soient également présents dans ces organes.
Au niveau fédéral, seuls 7 des 246 parlementaires ont moins de 30 ans
Et c’est là que ça pèche. Les jeunes sont une des classes les moins représentées dans nos institutions. Si l’on suivait une logique purement proportionnelle, 14% de nos élus devraient avoir moins de 30 ans. Et encore, en raisonnant ainsi, on néglige tous les jeunes et enfants de moins de 18 ans. Pas de voix, pas de chocolat… Mais les jeunes sont loin d’atteindre ces chiffres: au niveau fédéral, seuls 7 des 246 parlementaires ont moins de 30 ans. Au niveau cantonal, ce n’est pas mieux: seuls 6% des députés sont jeunes.
Nous mobiliser
Et au niveau communal? Rien à dire, il y a du mieux! Sur les 214 jeunes candidats aux élections du week-end dernier, 87 ont été élus. Un beau score, à relativiser tout de même: cela ne représente que 8-9% des sièges à pourvoir… On est encore loin de la représentation parfaite. Cette représentation, nous en avons besoin. Elle est même primordiale car, comme dit plus haut, la création du monde de demain commence aujourd’hui, et elle se fait par nos politiques et les décisions qu’ils prennent. Les lois que nous adoptons aujourd’hui influenceront notre société, nos mentalités et nos idéaux demain. Nous serons donc beaucoup plus impactés par les décisions prises aujourd’hui que les personnes qui les prennent.
Alors il faut que nous nous mobilisions, jeunes et moins jeunes, pour que les réalités et les rêves de la jeunesse soient pris en compte. Pour cela, certes il y a le pouvoir de la rue, les actions concrètes ou encore les merveilles de notre démocratie semi-directe, mais le plus efficace reste la représentation dans les instances de pouvoir. Alors votons pour des jeunes, portons-nous candidats, faisons entendre nos voix!
* Lara Atassi, présidente du Parlement des Jeunes Genevois
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