ÉDITORIAL. Le départ de l'ex-roi met en lumière les nombreuses faiblesses du pays

Une fuite? Un exil? Une mise à l’écart d’un personnage devenu décidément trop encombrant? Le départ forcé de Juan Carlos, annoncé lundi soir, était devenu une nécessité. Il y a presque un demi-siècle, le jeune roi Juan Carlos, nommé par une décision du dictateur Franco, avait su se mouler aux désirs de son époque, et apparaître comme l’emblème d’une nouvelle Espagne assoiffée de modernité et de démocratie. Quand la démocratie semblait ne plus tenir qu’à un fil, le monarque avait fait la différence.
Pourtant, l’âge venant, à coups de bourdes, d’aveuglements et d’égocentrisme, il a fini par manquer sérieusement le coche. Juan Carlos, progressivement, ne signifiait plus rien dans l’Espagne actuelle. Mais son départ, loin de résoudre les problèmes, risque au contraire de mettre encore plus en évidence les faiblesses d’un pays aux prises avec des crises à ce point multiples qu’il serait vain de vouloir les énumérer toutes.
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Pêle-mêle: frappée de plein fouet par la crise sanitaire du Covid-19, l’Espagne se débat avec des conséquences économiques que l’aide européenne ne parviendra pas à gommer. La coalition au pouvoir – les socialistes sont épaulés par l’extrême gauche – fait beaucoup de mécontents, y compris dans les rangs des électeurs de gauche. Son unité territoriale vacille sous les coups de boutoir des indépendantistes catalans. Les nostalgiques d’un pouvoir fort relèvent la tête et s’expriment à haute voix, ici autant qu’ailleurs. Autrefois garante de l’unité du pays, la monarchie est contestée, souvent avec des arguments parfaitement recevables.
Dans ce contexte, Juan Carlos, ses chasses aux éléphants, ses maîtresses et son goût pour l’argent, étaient devenus un boulet purement insupportable. Felipe VI, le successeur aux allures de premier de classe, l’a parfaitement compris. Mais il n’est pas sûr que le meurtre symbolique du père soit suffisant pour apaiser les flammes et rendre la monarchie acceptable dans l’ensemble du pays.
Les Espagnols, encore plus que d’autres, peuvent avoir la mémoire courte. Ce qui, aujourd’hui, paraît parfaitement acquis, était loin de l’être il y a juste quelques décennies. Les dangers sont si nombreux que la maison royale, associée aux dirigeants politiques, semble avoir paré au plus pressé, se débarrassant d’un patriarche devenu synonyme d’une époque révolue. Or, cacher la saleté sous le tapis est rarement une solution pérenne. L’Espagne a besoin d’espérer. Vite, elle doit maintenant se mettre d’accord sur les valeurs et les desseins dont elle est aujourd’hui assoiffée.
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Il y a 5 mois
Le Royaume Uni et le Canada ont, l'un à propos de l'Ecosse et l'autre à propos du Québec, accepté démocratiquement de remettre en jeu leur existence-même par des débats sans tabou et par des référendums ceci en contraste flagrant avec l'Espagne officielle et monarchique qui a catégoriquement refusé cette pratique pour la Catalogne. Lors d'une visite officielle dans cette région, le roi Felipe VI, fils et successeur de Juan Carlos s'est clairement fait signifier lors d'une manifestation indépendantiste qu' "il n'était pas le bienvenu en Catalogne". C'est dire que l'exil volontaire de Juan Carlos ne changera pas grand-chose.
Dans ce cas précis, je partage la position de Podemos qui prône la tenue d'un nouveau référendum qui aurait obtenu l'assentiment de la majorité de la classe politique éventuellement par le biais d'une révision de la constitution espagnole. Les deux référendums québécois et le référendum écossais ont abouti à un refus de l'aventure indépendantiste. Alors, aux partisanes et partisans de l'Espagne unie de démontrer à la Catalogne, en cas de référendum, qu'elle n'a pas avantage à faire sécession. La monarchie espagnole aura-t-elle la largeur d'esprit de sa consoeur britannique ?
Il y a 5 mois
Certainement la justice se prononcera tôt ou tard sur l'affaire, mais l'histoire nous dira si l'exil (forcé ou volontaire)de l'ex roi fût une bonne chose!Je pense personnellement qu'il n'aurait pas dû quitter son pays dont il a demeuré longtemps le emblème démocratique !!!
Il y a 5 mois
Comparer l’Espagne avec le Canada ou le Royaume uni est absurde.
La Catalogne n’a jamais été ni un royaume ni un état indépendant. Elle a fait partie de la fondation de l’Espagne en même temps et au même titre que ses autres regions, lors du mariage entre Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon.
Le mouvement indépendantiste en catalogne est agité par une élite sectaire et raciste aux ambitions politique sans scrupules, avec un passe chargé de corruption.
La Monarchie actuelle est le ciment de cette nation, car quoique revendique ces mouvements politiques l’Espagne contrairement au Royaume Uni ou le Canada n’est conformée que d’une seule nation.
La Monarchie est soumise à un linchage médiatique ces dernières années alimenté par l’extrême gauche qui détourne ainsi l’opinion publique de ses propres scandales et affaires de corruption en cascade. Par ailleurs, cette dernière rêve de transformer ce pays en république. Sa défaite durant la guerre civile a toujours été mal digérée. Tout ceci n’est qu’une réminiscence de vieille politique nauséabonde et obsolète.
Il y a 5 mois
En effet, Juan Carlos a été une figure très importante dans l'histoire moderne espagnole mais qui malheureusement a été tâchée par des aspects privés que l'on regrette. Son départ du pays est à mon avis triste à constater mais nécessaire afin de faire une coupure avec le nouveau Roi, en qui les espagnols ont confiance et espoir!! En ce qui concerne la question de l'indépendance, cette dernière devrait être traitée démocratiquement avec l'ensemble du pays et laisser la monarchie de côté.
Il y a 5 mois
Talon d'Achille de la monarchie ibérique qui risque de vaciller tanguer de toutes parts de tous bords en cette période post-covidienne qui ne laisse guère présagé de bons dès cet automne à la rentrée sociale et sociétale. Ce qui se passe en ce moment est peut-être le prélude d'une symphonie qui risque d'ébranler ce qui reste encore debout dans ce pays qui est il ne faut pas l'oublier trop vite la 4e puissance de l'UE qui va bénéficier des aides de la BCE de l'UE pour panser ses plaies qui sont aussi le résultat d'une prise de pouvori à la husarde il y a peu de temps du temps du Président Mariano Rajoy qui longtemps tient les rennes d'une manière démocratique critiquée de toutes parts comme le savent si bien faire les politicien.ne.s espagnoles de l'ère moderne à l'aube de la 3e décennie de ce XXIe siècle qui verra peut-être abdiquer aussi le Roi actule Felipe VI. Dans tous les cas, même le mariage du Roy Emèrite Juan Carlos I qui connaît bien ainsi que la famille royale ibérique les bords du lac Léman et en particulier Lausanne, proche du parc de la Tour Haldimand ! L'avenir proche le court terme nous tiendra éveiller pour ce qui se passera dans ce pays qui fût à une époque révolue des Rois Catholiques si puissants en Europe d'alors mais qui a connu aussi une dictature sévère sans parler de l'aide américaine. Un pays aux milles alouettes pays de la corrida, de la paella, du flamenco ... qui sont des topiques qui ne vont pas de paire avec l'Espagne profonde meurtrie par environ 4 mio de chômeur.euse.s post-Covid 19 alors que tous les chants d'un désordre économique sonne résonne de tous les côtés. AG