Cet article fait partie d’un supplément publié par Le Temps pour les deux ans de son partenaire sur la Genève internationale, Geneva Solutions.

Cela fait 20 ans que la Suisse a rejoint les Nations unies en tant que membre à part entière le 11 septembre 2002. Cependant, notre tradition d’accueillir des négociations et des organisations internationales a commencé bien avant cela, puisque Genève peut être considérée, à juste titre, comme le berceau du multilatéralisme avec la fondation du Comité international de la Croix-Rouge en 1863.

Aujourd’hui, Genève est l’un des centres les plus importants de la gouvernance mondiale, si ce n’est le plus important, en raison du nombre et de la diversité des acteurs, de l’étendue thématique des activités et de l’expertise, et de l’impact que le travail opérationnel a sur la vie quotidienne des gens dans le monde entier.

La Genève internationale doit sa position dans le monde à un certain nombre de facteurs, notamment à l’engagement de longue date de la Suisse en tant qu’État hôte. Un cadre juridique fiable et une coopération étroite entre les autorités fédérales, cantonales et municipales sont au cœur de nos efforts pour fournir des infrastructures et des conditions de vie efficaces, grâce à des instruments tels que la Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI) et le Centre d’accueil de la Genève internationale (CAGI).

En tant qu’Etat membre, la Suisse a contribué activement à plusieurs réalisations importantes de l’ONU depuis 2002. Par exemple, lors de la création du Conseil des droits de l’homme, de la négociation de l’Accord de Paris sur le climat, de l’élaboration de l’Agenda 2030 pour le développement durable et de la réforme de l’ONU.

Beaucoup a été dit et écrit ces dernières années et ces derniers mois sur la crise du multilatéralisme. Pendant ce temps, pour un pays comme la Suisse, il n’y a pas d’alternative souhaitable à un ordre international fondé sur des règles, où les normes et la responsabilité prévalent sur le pouvoir et les privilèges. Parce que la Suisse elle-même, en vertu de sa constitution, est attachée à l’État de droit, à la démocratie et aux droits de l’homme. Parce que la Suisse, pays alpin situé au carrefour de routes commerciales séculaires en Europe, a toujours été fortement interconnectée et que la prospérité de sa population dépend fortement de la paix et de la stabilité mondiales.

C’est pourquoi la Suisse continuera à œuvrer en faveur d’un ordre international fondé sur des règles et d’institutions internationales efficaces au cours des 20 prochaines années et au-delà. Sachant que ces institutions doivent avoir un impact tangible et positif. En défendant nos intérêts nationaux, mais en comprenant que les priorités des pays membres divergent parfois et que le compromis ne doit pas être un jeu à somme nulle. Notre adhésion prochaine, pour la première fois, au Conseil de sécurité de l’ONU nous offrira des possibilités supplémentaires de poursuivre nos objectifs de politique étrangère, notamment la paix durable, la protection des civils, l’efficacité du Conseil et la sécurité climatique.

En tant qu’État hôte, la Suisse continuera de veiller à ce que les missions, les organisations internationales, les ONG et les autres acteurs bénéficient des meilleures conditions de travail possibles, notamment en investissant dans des bâtiments modernes et économes en énergie, des lieux de travail hybrides, ainsi qu’une infrastructure numérique efficace et sécurisée. En outre, ils pourront exploiter la recherche scientifique et forger des partenariats avec le secteur privé, par exemple par le biais du Geneva Science and Diplomacy Anticipator (GESDA) ou d’initiatives telles que Building Bridges dans le domaine de la finance durable.

Lorsqu’on me demande à quoi ressemblera la coopération internationale dans 20 ans, j’ai tendance à m’inspirer d’une citation attribuée, entre autres, à Niels Bohr, le lauréat du prix Nobel de physique, qui aurait dit: «La prédiction est très difficile, surtout si elle concerne l’avenir!»

Le réchauffement climatique, les pandémies, les conflits armés et les inégalités sociales seront presque certainement encore à l’ordre du jour dans 20 ans. Mais quelle question sera la plus urgente? À quels nouveaux défis serons-nous confrontés? Et quel type d’institutions internationales y fera face? Nous ne pouvons pas faire de prévisions fiables. Cependant, des organisations internationales robustes, inclusives et adaptées aux besoins seront essentielles pour relever les défis de l’avenir, quels qu’ils soient. La Suisse est prête à y contribuer, en tant que membre et en tant qu’État hôte notamment, en continuant à soutenir la Genève internationale.

Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.