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L’UE, le porc, la Russie - et sa capacité de nuisance

Comment Moscou fait montre de sa capacité de nuisance à l’égard de l’Union européenne

Depuis le début de l’année, le prix de la viande de porc dégringole en Europe et ce n’est pas une bonne nouvelle pour tout le monde. Ne disposant pas de grosses capacités supplémentaires dans les congélateurs, la filière se voit contrainte de liquider une partie de sa production au rabais. Le phénomène n’est pas lié à une soudaine surproduction. Il est le résultat d’un embargo sur la viande de porc imposé par la Russie depuis le début de l’année.

Si la situation ne se débloque pas, les éleveurs européens se retrouveront avec 750 000 tonnes de viande pour une valeur marchande de 1,3 milliards d’euros sur une année. C’est tout de même 25% des exportations de cette viande. Durant les trois premiers mois de l’année, la restriction a déjà causé de lourdes pertes à la filière porcine, notamment en France, en Allemagne, en Italie et en Belgique.

Officiellement, il ne s’agit pas de sanction économique russe contre l’UE. Le contexte de crise politique actuelle aurait pu servir de prétexte. Moscou fonde sa décision sur quatre cas isolé de peste porcine africaine (PPA) détectés chez des sangliers aux frontières de la Lituanie et de la Pologne avec la Biélorussie. Bruxelles a alors traité la décision russe sur le plan commercial. Les consultations n’ont toutefois donné aucun résultat. Selon les Européens, Moscou a même fait preuve de mauvaise foi en interdisant l’ensemble des exportations de viande de porc d’Europe alors même que la PPA était localisée proche du territoire russe. Ils pensent même que la maladie serait venue de Russie. Face à un dialogue de sourds sur une mesure disproportionnée, la Commission a déposé cette semaine une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce. Les juges trancheront à Genève.

Mais cette histoire met en lumière un fait important: la Russie dispose d’une forte capacité de nuisance. Troisième partenaire économique de l’UE, elle a absorbé des marchandises et des services pour 123 milliards d’euros en 2013. En cette période où les Etats-Unis plaident pour des sanctions économiques pour punir l’annexion de la Crimée, l’UE se retrouve en difficulté à cause de ses relations économiques profondes avec la Russie.