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Manneken-Pis a pissé du lait

La surproduction laitière en Europe comme en Suisse fait dégringoler les prix. Retour sur une crise qui n’en finit pas et qui frappe des milliers des familles

Le Manneken-Pis a pissé du lait pour attirer l'attention sur la détresse des producteurs européens.  — © AFP or licensors
Le Manneken-Pis a pissé du lait pour attirer l'attention sur la détresse des producteurs européens.  — © AFP or licensors

Vaut mieux tard que jamais. La journée mondiale du lait, c’était mercredi dernier. Une belle occasion pour rappeler le désarroi des producteurs de lait en Europe comme en Suisse. Ces derniers peinent à joindre les deux bouts du fait des bas prix offerts par les grands distributeurs et l’industrie de la transformation. En cause: la surproduction.

On n’oublie pas lorsque, il y a quelques années, les paysans avaient protesté contre la surproduction en déversant des milliers de litres de lait dans les canalisations dans diverses villes européennes. Les images avaient choqué le monde. On n’oublie pas non plus les montagnes de beurre et de fromage s’entassant dans des chambres froides. Ce phénomène est de nouveau de mise. Cette semaine, Manneken-Pis, le célèbre petit garçon en bronze au cœur du quartier touristique à Bruxelles, a pissé du lait, histoire d’attirer l’attention sur une crise qui n’en finit pas.

La fin graduelle des quotas laitiers en Europe à partir de 2009, une mesure prise au nom de la sacro-sainte règle du marché, a produit l’effet souhaité par les acheteurs du lait, à savoir les grands distributeurs et l’industrie agroalimentaire qui transforme la matière première blanche en divers produits. Pour remédier à l’effondrement des revenus, les agriculteurs augmentent la production, ce qui fait encore baisser les prix. Le cercle vicieux!

La crise est exacerbée par l’embargo russe sur les produits agricoles européens, une mesure de rétorsion contre les sanctions économiques et financières contre la Russie liée à l’Ukraine.

En Europe comme en Suisse, les autorités interviennent, notamment grâce aux paiements directs et aux mesures ad hoc, pour aider la filière. L’automne dernier, l’UE a débloqué 500 millions d’euros pour soutenir les producteurs, notamment pour constituer des stocks.

L’Europe tente aussi de convaincre les Chinois à consommer plus de lait, du fromage et du beurre. Une forte délégation d’industriels s’est rendue en Chine le mois dernier. Elle veut également écouler son surplus dans le continent malgré les protestations d’agriculteurs qui craignent que le dumping européen ne tue leur propre filière.

En attendant, le surplus est loin d’être absorbé. Bruxelles a annoncé de nouvelles mesures pour fin juin. C’est pourquoi la mobilisation se poursuit.