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Nachbar. Par Fredy Gsteiger. Une nécrologie

Profitons de ces – probables – derniers jours estivaux pour nous

Profitons de ces – probables – derniers jours estivaux pour nous rappeler un compagnon fidèle de la saison de plein air: la chaise blanche en plastique. On peut dire sans exagérer qu'elle a meublé nos étés pendant une vingtaine d'années. C'est au début des années 80 que nous avons découvert – longtemps après les Français avec leur tradition des terrasses de bistrot – qu'on peut facilement boire son café, déjeuner et même dîner dehors dès que le temps est chaud et beau. Ce qui, d'ailleurs, n'est pas du tout dans les habitudes des pays où il fait vraiment beau et chaud en été comme l'Italie. Là-bas, nous ne trouvons guère de cafés sur les boulevards, sauf dans les stations balnéaires. J'ai l'impression que les terrasses sont beaucoup plus nombreuses à Stockholm, Hambourg ou Zurich qu'à Naples ou Athènes.

Mais sans la chaise blanche en plastique, accompagnée de son parasol aux couleurs d'une marque de bière ou d'une boisson gazeuse, les restaurateurs n'auraient jamais été capables de satisfaire rapidement les nouveaux besoins de leurs clients, soudainement attirés par le besoin de plein air. Car cette chaise est bon marché, pratique et facilement empilable. Petits désavantages: elle est moche et, s'il fait chaud, elle colle aux fesses. En outre, une fois équipé de la sorte, chaque restaurant ressemble à son voisin, toutes les places, tous les trottoirs finissent par se ressembler.

Arrêtons cependant les remarques négatives. On ne parle pas mal d'un demi-mort. Il faut, hélas, que nous nous préparions à l'enterrement de la chaise blanche en plastique, espèce en voie d'extinction. Je m'en suis rendu compte en constatant que même à Moscou ou à Tel-Aviv – deux hauts lieux de la chaise blanche – on commence à la remplacer par des chaises en métal, en bois, en bambou ou en pierre. Et plus près, notre capitale à nous s'est même donné un règlement pour le mobilier des terrasses, avec des bons et mauvais exemples – la chaise blanche étant évidemment le mauvais. Pour l'instant, l'Etat n'impose pas encore avec toute la sévérité possible l'élimination de la chaise blanche à Berne, mais il encourage fortement les restaurateurs à la pousser vers la retraite.

C'est pourquoi le moment est venu de prendre congé d'une image qui nous fut familière, à défaut d'être belle.

A moins qu'une surprise (prévisible) ne se présente à l'horizon: le grand retour de la chaise blanche en plastique. Dès que le dernier café, le dernier snack-bar ou buvette, le dernier restaurant bon marché aura liquidé ses chaises blanches, elles réapparaîtront dans telle discothèque branchée, dans tel bar à la mode, dans tel café huppé. Affaire à suivre…