J'imagine que l'on a discuté dans les rédactions – du moins je l'espère – de la question de savoir s'il fallait publier toutes ces nécrologies et pages spéciales avant que la mort soit confirmée. D'un côté ceux qui demandaient d'attendre jusqu'à ce que l'on dispose de faits purs et durs; de l'autre côté ceux qui anticipaient l'attitude des autres: «Et si les concurrents sont plus rapides? Quelle impression donnerions-nous en arrivant en retard?»
Pour moi, plusieurs questions se posent, surtout depuis que l'on sait que l'agonie du président palestinien a duré encore plusieurs jours après sa mort annoncée: quels articles publiera-t-on une fois la mort confirmée? D'autre part: y a-t-il vraiment un besoin urgent chez le téléspectateur ou le lecteur de voir précocement les grands titres, les photos historiques, les bilans d'une vie? Et finalement: est-ce vraiment le but du journalisme de soumettre toute considération à la priorité de la vitesse? Au point d'honorer des morts vivants, de commémorer des centenaires des semaines avant la date, de parler de films et livres bien avant qu'ils sortent, d'analyser et commenter des résultats électoraux sur la base d'estimations ou parfois même de sondages à la sortie des urnes, avec le risque de se tromper? Personnellement, je ne me sens pas trop à l'aise avec cette tendance. Elle nuit à la crédibilité. Mais à chacun et à chacune de donner une réponse en composant son menu médiatique.