Editorial
La nomination de l’ancienne vedette de la télévision française au ministère de la transition écologique renforce considérablement la capacité d’attraction de la nouvelle équipe au pouvoir

Il ne faut parfois pas gâcher son plaisir. L’arrivée de Nicolas Hulot dans le premier gouvernement du quinquennat Macron porte en germe de vraies possibilités de changement. L’ancienne vedette de la télévision reconvertie en activiste écologiste planétaire a démontré, dans la préparation diplomatique de la conférence de Paris sur le climat, une réelle habileté. Son expertise, sa détermination en faveur des énergies renouvelables mais aussi sa capacité à garder le lien avec les organisations issues de la société civile, ont beaucoup apporté. Et son refus d’accepter, dans la foulée, une offre ministérielle, puis de se porter candidat à la présidence de la République, ont démontré une intéressante prise de recul.
Nicolas Hulot est, bien sûr, un formidable animal médiatique. Chez l’ancien animateur d’Ushuaïa, le souci de mise en scène est récurrent. Faut-il s’en plaindre à l’heure où les batailles politiques et diplomatiques se gagnent aussi sur Internet, sur les médias sociaux, et sur des plateformes comme YouTube ou Twitter? Non. Son talent de pédagogue, son sens du public, ce goût de l’échange qu’Emmanuel Macron surnomme la «bienveillance» ne peuvent pas faire de mal, alors que menace la déferlante populiste de la colère. Surtout en France, où une partie de la population se sent abandonnée, voire méprisée, et où une partie des écologistes, opposés à certains grands travaux, sont tentés par l'action violente.
Valeur de test
Emmanuel Macron a donc été bien inspiré. Mais il faut désormais que ce tandem parvienne à l’équilibre. Par son charisme, mais aussi par ses habitudes d’électron libre capable de donner des leçons aux dirigeants internationaux ou aux grands patrons, Nicolas Hulot apporte une insolence intéressante à ce nouveau chef de l’Etat audacieux, mais pur produit de la haute fonction publique. Pourra-t-il en revanche s’affranchir des pesanteurs de la technocratie française? Et surtout résister au lobby nucléaire qui, immédiatement, fera le siège de son ministère? On ne peut pas oublier alors que le nouveau premier ministre Français Edouard Philippe, ex-maire du Havre, a travaillé pour Areva, le géant de l’atome, et que la Normandie, sa région d’origine, vit au rythme de l’usine de retraitement des Déchets de La Hague.
Belle prise politique, Nicolas Hulot aura valeur de test. Son action démontrera si la communication l’emporte sur l’action, et si le renouvellement promis accouche de réalités écologiques tangibles. Cette opération vérité, à l’aube du quinquennat Macron, mérite d’être saluée.
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