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Non, la loi climat n’est pas un débat d’experts

ÉDITORIAL. Renoncer aux combustibles fossiles d’ici au milieu du siècle sans faire exploser les coûts de l’énergie semble à portée de main. Alors, pourquoi faire passer la prochaine votation pour une querelle entre spécialistes?

Une personne passe devant une affiche du Parti socialiste invitant à voter oui pour la loi sur le climat ce mardi 16 mai 2023 à Lausanne. Le 18 juin prochain, la population suisse va se prononcer lors d'une votation populaire sur la loi fédérale sur les ob — © LAURENT GILLIERON / keystone-sda.ch
Une personne passe devant une affiche du Parti socialiste invitant à voter oui pour la loi sur le climat ce mardi 16 mai 2023 à Lausanne. Le 18 juin prochain, la population suisse va se prononcer lors d'une votation populaire sur la loi fédérale sur les ob — © LAURENT GILLIERON / keystone-sda.ch

Retrouvez toute une série d'articles et de tribunes d'opinion sur le vote du 18 juin dans notre dossier «La loi sur le climat, chaude bataille»

La stratégie s’était avérée gagnante il y a deux ans, lors du vote de la loi sur le CO2: en agitant le spectre d’hypothétiques surcoûts occasionnés par la transition énergétique, les opposants avaient convaincu la majorité des votants de rejeter la loi. Rebelote cette année, à l’occasion de la campagne sur la loi climat. L’UDC brandit cette fois une étude scientifique, qui promet une explosion des prix de l’énergie en cas de renoncement aux combustibles fossiles.

Cette étude, basée sur des hypothèses irréalistes, est pourtant un cas isolé. La plupart des experts considèrent que la Suisse est en mesure d’atteindre la neutralité carbone d’ici au milieu du siècle, de façon abordable et sans mettre en péril son approvisionnement énergétique. Deux études récentes le martèlent, qui ne viennent pas de militants du climat mais de chercheurs spécialisés en systèmes énergétiques de l’EPFZ et de l’EPFL. Les solutions existent: elles passent notamment par l’électrification de la mobilité et du chauffage, le développement du photovoltaïque, et des échanges accrus avec nos voisins européens.

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Certes, de nombreuses questions restent ouvertes quant aux détails du chemin à parcourir. Après tout, il est question d’avenir, et aucun scientifique ne prétend disposer d’une boule de cristal. Mais il est mensonger de faire croire que la transition énergétique nous mènera à l’apocalypse, quand les projections se montrent globalement rassurantes.

Innovation et emplois proches de nous

Et puis, à transformer la campagne en une bataille de chiffres, on en oublierait pour quoi on vote. Il s’agit de mettre la Suisse en accord avec ses engagements internationaux dans la lutte contre le changement climatique, dont les dangers ont été documentés par maints rapports scientifiques. La plupart des grandes puissances, tout comme de nombreuses entreprises, ont déjà entrepris une transition vers les énergies renouvelables.

La Suisse peut-elle ignorer ce mouvement et s’arc-bouter sur son essence et son mazout? Par quelle contorsion de l’esprit en vient-on à considérer qu’il est plus sûr de continuer à importer des carburants polluants et coûteux auprès de dirigeants autocratiques qui s’en servent comme moyen de pression, quand on peut développer des énergies locales et propres, en misant sur des compétences, des innovations et des emplois proches de nous? Faites-vous confiance: il n’y a pas besoin d’être un spécialiste pour se faire une idée.

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