ÉDITORIAL. Contrairement à l’écrasante majorité des ex-leaders politiques qui écrivent des Mémoires, le premier président noir de l’Amérique livre une introspection critique, un message d’empathie et d’authenticité à un moment où les États-Unis en ont le plus besoin

Il aurait pu être écrivain. Inspiré par Toni Morrison, il avait produit une œuvre remarquable d’introspection, Les Rêves de mon père, qui décrivait la lutte identitaire d’un jeune métis grandissant à Hawaï. Avec le premier tome de ses Mémoires d’ex-président des Etats-Unis, Barack Obama commet un acte opportun et citoyen dans une Amérique abîmée par quatre ans de trumpisme et des décennies d’essoufflement démocratique.
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A l’heure des vérités alternatives promues par un Donald Trump incapable de reconnaître sa défaite, le premier président noir de l’Amérique livre un message essentiel qui rappelle son amie écrivaine Marilynne Robinson. Le but d’écrire, c’est de donner au lecteur ce qu’il y a de plus authentique de soi. Donner à l’Autre, c’est donner un sens à sa vie. Il fait son autocritique, s’interroge sur son rapport au pouvoir, sur ses erreurs à la Maison-Blanche que Franklin Delano Roosevelt «n’aurait jamais commises». Il promeut l’empathie dans une Amérique déchirée comme jamais.
Les Mémoires d’ex-leaders politiques traduisent souvent une volonté de (ré)écrire l’histoire. Barack Obama dévoile ses doutes, son humanité dans une dialectique philosophique. Au-delà des millions que va lui rapporter A Promised Land, l’ex-président, proche d’Angela Merkel, ose une prise de risque. Mais au fond, il le sait, lui qui a été maltraité huit ans durant par une opposition républicaine nihiliste, l’humanité et l’authenticité sont inattaquables. C’est son propos universel.
Là où Obama reste très Américain, c’est dans sa croyance inaltérée – certains diront aveuglement – en l’exceptionnalisme des Etats-Unis. Un optimisme qui se traduit dans son admiration pour le mouvement multiethnique Black Lives Matter, l’Amérique de demain.
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Il y a 1 mois
You worship the wrong idols.
Il y a 1 mois
« Est-il utile de décrire le monde tel qu’il devrait être alors que les efforts déployés pour faire advenir ce monde seront insuffisants ? ». Cette interrogation rapportée par Luis Lima dans son article qu’on peut lire par ailleurs sert d’alibi aux hommes politiques de tout calibre pour user de cynisme et de machiavélisme. On s’y vautre désormais et on glisse sans frein sur une pente de plus en plus rapide. Obama ne l’a pas instauré en système, soucieux d’humanisme lucide sans verser dans l’angélisme. Bien loin de l’image laissée par la longue file de ses prédécesseurs. Jusqu’au dernier en date, le plus achevé dans la dégradation. C’est un grand mérite qu’on doit lui accorder. Ses mémoires sont assurées d’un succès planétaires. Que Joe Biden les aient à portée de main....
Il y a 1 mois
In reply to (sans sujet) by Christian SENECAL
Le leadership, c'est souvent bien davantage que des politiques. C'est aussi l'attitude, l'éthique, la respectabilité et l'honnêteté dans l'action politique. Sur le plan intérieur, Obama aurait voulu en faire bien davantage si le Congrès avait été coopératif. L'homme est tout sauf un idéologue. Certains lui reprochent même d'être incapable de l'être. Il a été finalement un réaliste pragmatique. Il aurait pu faire condamner les dirigeants de banque responsables de la crise financière de 2008. C'était sans doute une erreur, mais il faut se mettre dans le contexte de l'époque. Le sol se dérobait sous les pieds de la Maison-Blanche face à la pire crise financière depuis les années 1930. Il a cherché à éviter la catastrophe. Ce fut réussi. Il a fait passer la révision de Wall Street (Dodd-Frank). Ce n'était bien sûr pas parfait, mais c'était sans doute le maximum qu'il pouvait obtenir dans le contexte politique du moment. Dans le domaine de la santé, il aurait aimé faire adopter une "option publique", une possibilité pour les Américains de contracter une assurance maladie publique. Là encore, avec un Congrès non coopératif, il s'est rabattu sur une réforme jugée trop modeste par la gauche, mais qui fut un pas en avant énorme à l'échelle du pays.
Il n'est pas étonnant que Barack Obama se soit si bien entendu avec la chancelière allemande Angela Merkel. Ils avaient tous deux le même sens éthique du pouvoir, du bien commun.
Il y a 1 mois
Black lives matter l'avenir de l'amerique? Très discutable. Black lives matter un mouvement multiethnique? Oui biensur, sauf pour les blancs!
Il y a 1 mois
In reply to (sans sujet) by Mariano Merazzi
Non, si vous observez les différentes manifestations de BLM à travers les Etats-Unis, les jeunes Blancs sont très bien représentés.
Il y a 1 mois
Pour l’instant «Black lives matter» a l’intention de fair avancer les choses, monsieur...
Il y a 1 mois
Obama a fabriqué Trump, qu il le veuille pas. On peut faire le philosophe en effet surtout quand on a rien réussi, c est tout ce qui lui reste...