Le Mexique du Parti révolutionnaire institutionnel, au pouvoir depuis 71 ans, était souvent appelé «démocrature», tant l'emprise du parti sur toutes les affaires du pays bloquait le changement. Deviendra-t-il une «démocratie», avec des élections propres, une justice indépendante, un débat politique ouvert? L'Institut fédéral électoral, libéré de la tutelle du pouvoir depuis1996, en a donné un premier signe. Tout le monde s'accorde à dire que les élections de dimanche dernier, qui ont marqué la défaite du PRI et la victoire de l'opposition conservatrice démocrate-chrétienne sous la direction de Vicente Fox, le nouveau président, ont été honnêtes. Le candidat battu du PRI, Francisco Labastida, l'a reconnu lui-même: «Il faut respecter la volonté des citoyens, a-t-il dit, et j'en montrerai l'exemple.»
Le PRI quitte ainsi la scène présidentielle, avec dignité, sans poser d'obstacle. Il promet que les mois qui viennent, pendant lesquels le président sortant Ernesto Zedillo devra passer les rênes jusqu'à l'investiture formelle de Fox en décembre, seront calmes.
C'est une fin de régime. Zedillo lui-même l'a préparée. Elle était devenue fatale après les forfaits du clan Salinas, qui avait fait du pays sa propriété privée. Que sera le nouveau régime? Les problèmes ne se comptent pas: les crises dans les zones rurales à majorité indienne comme dans le Chiapas; l'absence du droit dans les relations économiques et même privées; les déséquilibres de richesses.
Mais les atouts de la nouvelle majorité, si elle respecte les règles de cette démocratie nouvelle qu'elle prétend instaurer, seront nombreux: l'appui de la jeunesse urbaine et surtout l'appui de la communauté internationale, Etats-Unis en tête, qui n'économiseront pas leurs efforts pour prouver, comme en Indonésie, que la démocratie est supérieure à tout régime autoritaire.