La confiance est essentielle à notre vie en société. C’est le ciment de la plupart des interactions humaines et une rupture de confiance signifie très souvent la fin d’une relation, avec quelquefois de graves conséquences, comme la récente crise bancaire l’a brutalement rappelé.

Dans le monde digital, la confiance des utilisateurs à l’égard des nouvelles technologies est aussi essentielle, que ce soit pour les entreprises qui les développent ou pour les politiques qui tentent de les réguler. «Sécurité et confiance» est également l’un des cinq domaines qui structurent la stratégie numérique Suisse 2023.

Un juste équilibre

Les règlements et directives de l’Union européenne sur le marché intérieur du numérique cherchent ainsi à trouver un juste équilibre entre promotion de l’innovation et défense des droits fondamentaux pour encourager la confiance des citoyens à l’égard des nouvelles technologies. Le législateur européen mise notamment sur un contrôle institutionnel reposant sur des obligations de transparence et d’information: les entreprises doivent assumer leurs responsabilités sous peine d’amendes conséquentes. Divers labels et autres marques de conformité cherchent également à vérifier que tel produit ou service respecte l’ensemble des obligations légales ou volontaires pour renforcer la confiance des consommateurs.

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Mais la confiance est aussi subjective et les entreprises déploient des efforts considérables pour l’acquérir. Pour cela, elles s’appuient bien sûr sur leurs succès ou la réputation de leurs fondateurs, mais aussi sur un narratif adapté ou des messages diffusés par des «influenceurs» bien choisis. De plus, comme le montrent les débats autour de l’intelligence artificielle, les considérations éthiques et les préoccupations sociales sont également essentielles et les entreprises comme OpenAI ou Google mettent en avant l’adoption de leur part de comportements éthiques et prescrivent dans leurs conditions d’utilisation des conditions d’usage qui font écho à celles défendues par le législateur.

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Aussi loin que peuvent aller les lois et le marketing, le facteur clé pour développer la confiance reste l’utilisation raisonnée et critique des outils numériques permettant aux utilisateurs de mesurer leur ergonomie, leur pertinence et leur efficacité par rapport à des usages spécifiques. La formation à ces nouveaux outils devient alors essentielle et appartient naturellement à la stratégie numérique définie pour la Suisse au niveau fédéral.

Formation aux outils numériques et partage d’expériences

Une bonne formation aux outils numériques, consolidée par le partage d’expériences entre collègues et amis, dispense les premiers réflexes de prudence. Par prudence, on vérifie la présence du cadenas associé à une URL indiquant une communication sécurisée lorsqu’on paye sur internet. Par prudence, on regarde attentivement l’adresse effective d’un mail pour déterminer s’il faut ou non l’ouvrir. Par prudence, on ne donne pas par téléphone des identifiants ou des codes confidentiels à une personne qu’on ne connaît pas et dont on ne peut vérifier l’identité. Par prudence enfin, on a appris à recouper les sources d’information pour nous forger une opinion complète ou à ne pas communiquer ouvertement les données confidentielles de son entreprise à un outil qui s’appuie sur les données pour s’améliorer.

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Comme le dit le dicton, prudence est mère de sûreté. La prudence est nécessaire et va de pair avec la confiance pour tirer le meilleur parti des solutions digitales.

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