Panneaux solaires: «Papa, on peut faire mieux?»
Opinion
AbonnéOPINION. L’installation de panneaux solaires n’est pas toujours une sinécure, et c’est ce que les Vert’libéraux veulent changer, argumente Christoph Gasteyger, membre du parti

Au petit-déjeuner, mes enfants de 6 ans m’ont récemment demandé: «Et comment on fera quand il fera tout le temps chaud? Papa, qu’est-ce que tu fais pour aider?»
J’ai tourné les yeux vers le soleil de plomb. Et me suis dit que la nouvelle initiative des vert’libéraux était on ne peut plus opportune. Le but? Atteindre le plein potentiel du photovoltaïque à Genève dans un délai ambitieux mais réaliste, compte tenu de la double urgence climatique et énergétique. En effet, nous pourrions subvenir à presque 100% de nos besoins actuels rien qu’avec cette énergie propre et indigène.
Lire aussi: Pourquoi le gaspillage électrique ne secoue-t-il pas le parlement et le Conseil fédéral?
Ayant récemment fait installer des panneaux sur le toit de notre maison, je peux ici illustrer par quelques expériences personnelles certains arguments de l’initiative. Et je suis prêt à parier que d’autres ont le même vécu.
Genève est encore loin du compte
D’abord, le texte ambitionne que «l’ensemble des constructions dans le canton de Genève possédant des toitures, des façades ou d’autres surfaces bien adaptées à la production d’énergie solaire doivent être équipées de panneaux photovoltaïques». Evident, mon cher Watson? Malheureusement, nous sommes encore très, très loin du compte. Scrutez les photos satellites des quartiers résidentiels de Genève: vous constaterez que la grande majorité des maisons ne sont pas dotées de panneaux solaires, alors que beaucoup s’y prêtent. Pourquoi?
Un autre paragraphe de l’initiative amène un élément de réponse: «Il est important de clairement définir les modalités d’installation.» En effet, là où des panneaux peuvent être installés ou non demeure souvent peu clair. J’ai déjà entendu: «Le toit de ma villa est trop beau pour être amoché par du photovoltaïque.» Des critères clairs, définis par le Conseil d’Etat et décrivant les endroits et constructions où l’installation est possible ou pas, aideront grandement et préviendront des retards inacceptables dans une transition énergétique indispensable. Ces critères permettront de préserver les bâtiments qui le méritent réellement, même si bon nombre de panneaux solaires sont maintenant bien moins laids et visibles que ce que prétendent leurs détracteurs. Je parle ici de vécu: même le technicien passé chez moi pour certifier l’installation ne les a d’abord pas vus. Le type de panneaux et leur rendement énergétique doivent également être davantage réglementés, pour prévenir des installations peu efficientes. L’embarras du choix que j’ai eu en planifiant mon installation m’a frappé: toutes sortes d’offres existent, et toutes ne se valent pas.
Lire aussi: Première en Suisse: un CFC pour les métiers du solaire verra le jour en 2024
Procédure et coût
Par chance, je n’ai pas dû soumettre une demande d’autorisation de construire. L’initiative propose à juste titre de simplifier les procédures lorsqu’une autorisation est encore nécessaire. Ce n’est pas anodin, les témoignages étant légion des difficultés rencontrées par les propriétaires pour réaliser un projet quand l’objet immobilier effleure les contours des fameuses zones 4B. La Cour de justice vient d’ailleurs de confirmer que l’approche de la Commission des monuments, de la nature et des sites était tellement dogmatique qu’elle empêchait en pratique de très nombreux propriétaires de réaliser leur projet photovoltaïque, l’installation se trouvant sur ou à proximité d’un bien jugé «intéressant».
Quant au coût de l’installation, qui peut être élevé et en décourager plus d’un (j’ai moi-même longtemps hésité), le canton de Genève se portera garant des emprunts contractés par les particuliers pour financer les coûts liés à l’installation sur des biens ou surfaces qu’ils détiennent dans leur fortune privée, s’ils respectent certains critères. Aussi, pour chaque installation répondant aux critères du règlement du Conseil d’Etat, le canton garantira, durant toute la vie de l’installation, un prix de vente de sa production sur le réseau. Enfin, et cela est très important, les coûts liés aux installations bénéficiant de cette garantie ne peuvent pas être mis à charge des locataires.
On le voit: il y a beaucoup à faire. L’initiative met cependant en place l’ensemble des conditions-cadres permettant de réellement attaquer la nécessaire transition énergétique. En signant l’initiative – comme je le fais à l’instant –, vous pourrez vous aussi dire aux enfants ce que vous avez fait aujourd’hui pour leur futur.
Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.