C’est un Forum Horizon organisé par Le Temps à l’aula de l’IMD, à Lausanne, début février. Des orateurs de qualité sont invités à réfléchir sur les conditions du maintien de la prospérité suisse. Il y a d’abord Philipp Hildebrand, l’ancien président de la Banque nationale suisse et actuel vice-président de BlackRock. Il dit que la prospérité est quelque chose de fragile dans un monde de plus en plus rude et qu’il faut être très attentif aux grandes tendances du changement. Il dit que le Conseil fédéral devrait avoir «une grande stratégie» afin de faire face aux défis. Comment positionner la Suisse par rapport à l’Union européenne, aux Etats-Unis, à la Chine? Est-ce qu’on peut se permettre de ne pas savoir quoi faire, de vouloir un peu tout à la fois, l’Europe, l’Amérique, la Chine? On sent bien qu’il regrette l’échec de l’accord institutionnel avec l’UE mais il est trop banquier pour le dire carrément. En tout cas, il ne voit pas ce que pourrait être un nouvel accord avec l’Union, différent de celui qui a raté. Une grande stratégie, dit-il à l’adresse du Conseil fédéral, demande une clarté d’esprit et une dose de courage. On applaudit. Pas debout, quand même, mais presque. Une grande stratégie, on est pour. On a besoin de croire que les milliers de petites stratégies dispersées et contradictoires qui font la Suisse pourraient, mieux arrangées par un meilleur gouvernement, en faire une grande. C’est tôt le matin, les rêves ne sont pas encore évanouis.