Le pari de Pékin pour regagner Hongkong
OPINION. Le pouvoir chinois a dû se résoudre à lâcher du lest à Hongkong. Mais la partie n’est pas terminée, écrit notre chroniqueur Frédéric Koller
Alors que Pékin s’apprête à célébrer le 70e anniversaire de la République populaire (1er octobre), il s’est passé quelque chose de tout à fait inhabituel cette semaine en Chine: le Parti communiste a cédé face à la rue. Certes, c’est dans une partie de la Chine un peu différente, puisque cela concerne Hongkong. Ce n’est pas moins remarquable. Cela démontre surtout à quel point la crise hongkongaise, qui dure depuis plus de trois mois, ébranle le pouvoir chinois.
Mercredi, Carrie Lam, à la surprise générale, a finalement annoncé que le projet de loi d’extradition avec la Chine, qui avait mis le feu aux poudres, serait prochainement retiré. Aux ordres de Pékin, la cheffe de l’exécutif hongkongais tente ainsi de reprendre la main alors que l’ex-colonie menace de sombrer dans la paralysie. Cette décision – qui paraissait relever du simple bon sens – n’allait plus de soi du moment que Pékin en avait fait une question de sécurité nationale. Elle résulte d’un pénible calcul de coût: l’intransigeance aurait nécessité une intervention plus musclée de la Chine pour faire taire la rue, avec le spectre d’une répétition de Tiananmen et la fin de l’exception hongkongaise; céder à la rue, c’était prendre le risque de fragiliser l’autorité du parti. Si les Hongkongais font aujourd’hui plier le pouvoir en manifestant, pourquoi n’en irait-il pas de même demain sur le continent? C’est le syndrome du «on ne vaut pas moins qu’un Hongkongais» qui pointe.