L’éditorial de RTL va droit au but: «Il ne faut pas de complaisance vis-à-vis de ces acteurs maudits ou de ces stars dont on dit presque joliment qu’elles ne parviennent pas à échapper à leurs démons. On leur pardonnerait presque leurs écarts, leurs dérives et ils suscitent de la tendresse. […] Il y en a marre de l’artiste qui vient, sur les plateaux de télévision ou dans la presse people, pleurer à cause de ses addictions dans un exercice d’autodérision qui attendrirait son public.»

Pour Pierre Palmade, dont Le Figaro raconte longuement «la descente aux enfers», ces démons de la drogue dataient de plusieurs années. Et ça s’est bien mal terminé ce week-end. Son domicile de Cély-en-Bière, en Seine-et-Marne, a été perquisitionné dimanche, deux jours après le grave accident de la route qui a impliqué l’humoriste vendredi vers 19h, selon les agences de presse, qui relaient une «source proche de l’enquête». Entamée dans la matinée, la perquisition a pris fin dans l’après-midi, selon la même source, confirmant une information du Parisien. Une vingtaine de policiers et gendarmes ont été mobilisés.

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Un couple qui disposait d’une caméra embarquée dans son véhicule et se trouvait sur les lieux de l’accident a remis une vidéo à la police, a-t-on appris ce dimanche de source judiciaire, confirmant une autre information du Parisien, très en pointe sur ce sujet. Celle-ci va pouvoir exploiter ce document, dans l’espoir d’apercevoir les deux personnes en fuite qui accompagnaient l’humoriste dans son véhicule. Il s’agirait de deux passagers âgés d’une vingtaine d’années, appelés par la police à se rendre.

Les jours de Pierre Palmade, grièvement blessé, n’étaient plus en danger samedi, selon sa famille. En revanche, aucune information officielle n’était disponible dimanche sur l’état de santé de trois autres personnes grièvement blessées dans l’accident. Un homme d’une quarantaine d’années au volant, sa belle-sœur trentenaire et le fils du conducteur, âgé de 6 ans, avaient été transportés vendredi soir avec un pronostic vital engagé dans différents hôpitaux de la région parisienne.

D’après un cousin du conducteur joint dimanche soir par l’AFP, ce dernier était encore dans le coma et s’apprêtait à être opéré une cinquième fois. «Il est cassé de partout», a rapporté Babacan Yakut au sujet de son cousin maçon, évoquant des blessures aux jambes, aux bras et au dos. «On est choqués, trop choqués. Depuis trois jours, tout le monde est à l’hôpital. On fait des prières, on attend qu’il se réveille», a confié ce gérant de restaurant. L’enfant de 6 ans, cadet des trois enfants du conducteur, et la belle-sœur qui était enceinte au moment des faits et a fini par perdre son bébé, seraient toujours dans le coma.

Enquête ouverte

Le procureur de la République de Melun, Jean-Michel Bourlès, a déclaré que l’humoriste avait été testé positif à la cocaïne. «Les analyses toxicologiques ont mis en évidence que Pierre Palmade conduisait sous l’emprise de produits stupéfiants.» Une enquête a donc été ouverte pour homicide et blessures involontaires qui ont entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois, par conducteur sous l’emprise de produits stupéfiants. Un pompier a témoigné sur TF1 de ce terrible fait divers.

BFMTV a précisé que «Palmade faisait la fête avec de jeunes gens, deux escort-boys rencontrés sur les réseaux sociaux, et beaucoup de drogue. Il aurait voulu aller chercher à manger dans un hypermarché à proximité. Selon les analyses, sa prise de cocaïne était récente au moment de l’accident», précise aussi Le Matin.ch. Tous auraient consommé «des drogues de type chemsex par injection, de la 3MMC par exemple», selon le journal Centre Presse. «On a confiance dans le tribunal», a réagi Babacan Yakut, espérant une peine exemplaire.

A écouter: Dans les méandres de l’addiction au chemsex (podcast Brise-Glace)

Compagnon de la nuit et de ses excès, Pierre Palmade avait déjà été condamné en 1995 à une amende pour consommation de cocaïne, alors qu’un vaste réseau de distribution de drogue, qui alimentait le show-business, venait d’être démantelé. En 2019, il avait aussi été placé en garde à vue pour «usage et acquisition de stupéfiants» après avoir été faussement accusé de viol. C’était «l’histoire de trop», promettait-il au Monde, auquel il expliquait avoir «repris de la cocaïne» ce soir-là après «des mois d’abstinence». «Cette rechute m’a ramené à la réalité. C’est une leçon. […] Je veux me rétablir, sortir de cette maladie illégale», assurait-il….

Dans cette vidéo de l’émission C à vous, publiée par La Dépêche du Midi, l’humoriste revenait sur sa consommation de drogue en l’évoquant au passé, «comme s’il était parvenu à tourner la page». Au magazine people Gala, il confiait alors: «Je confondais métier et identité.» Mais «on ne guérit pas de l’addiction. On remporte juste des victoires successives, heure après heure. Il y a encore des situations – comme faire la fête – qu’on assimile aux produits. On doit les dissocier. Je le fais. Pas le choix. C’est ça ou j’y laisse la vie», disait-il il y a six ans.

«La dépendance à la cocaïne est très sournoise […] C’est la drogue la plus sournoise que je connaisse», expliquait-il, toujours en 2019, sur le plateau de C à vous. «Je ne savais pas à 20 ans que c’était une maladie, je pensais que c’était un divertissement. J’ai subodoré à 30 ans que c’était un poison, à 40 ans, j’étais sûr que j’étais cocaïnomane et que j’allais dans le mur.» Aujourd’hui, il va bientôt avoir 55 ans et risque entre cinq et dix ans de prison.

Autre polémique, le post Facebook ci-dessus parle des différences de traitement entre people et nobodies dans les faits divers sanglants. Et le magazine Public évoque aussi le faux pas de l’actrice Isabelle Mergault qui, sur Twitter, a exprimé la peine qu’elle avait pour son ami de toujours et son acolyte des Grosses Têtes. Très maladroitement, laissant penser aux internautes qu’elle n’avait pas de compassion pour les autres victimes. Elle a fini par s’excuser publiquement, non sans agacement:

Le Figaro rappelle encore que Pierre Palmade s’était dévoilé «dans une autobiographie parue en 2019: Dites à mon père que je suis célèbre (avec la collaboration d’Eric Libiot, Editions Harper Collins)». Il y écrivait notamment: «Je m’en sors sans accident, sans maladie, sans dette, sans vrais ennemis, sans cadavre… Si je pouvais devenir Claude Rich après avoir été Gainsbourg…» Et confessant:

J’ai l’impression d’avoir été une caricature du show-business


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