Opinion
OPINION. Dans un récent article, «Le Temps» pointait du doigt la possibilité que la Chambre haute du parlement fédéral ne comporte bientôt plus qu’une femme. Les deux coprésidentes de Femmes socialistes suisses, Natascha Wey et Martine Docourt appellent tous les partis à prendre leurs responsabilités

L’annonce du retrait politique de Géraldine Savary a sonné comme un coup de tonnerre. Elue engagée, locomotive électorale pour certains, femme aux compétences reconnues par tous, Géraldine Savary ne laissait personne indifférent. La nouvelle de son départ relance la question de la représentation des femmes au sein des autorités fédérales, et plus particulièrement au sein du Conseil des Etats. Une question qui, à un peu moins de trois semaines de l’élection de deux nouveaux membres du Conseil fédéral, a une résonance toute particulière. Toutefois, laisser penser que le Parti socialiste appréhende la question de sa représentation féminine de la même manière que les partis bourgeois est un peu fort de café!
Petit rappel, sept femmes seulement siègent aujourd’hui au Conseil des Etats, dont quatre membres du PS. Plus de la moitié donc, alors que la délégation socialiste ne représente que le quart des sièges de la Chambre haute. Une représentation qui peut faire rougir tous les autres partis pour lesquels le sujet reste encore trop souvent tabou.
La parité pour objectif
Avec le retrait déjà annoncé des sénatrices Pascale Bruderer, Anita Fetz ou encore Liliane Maury Pasquier, et maintenant Géraldine Savary, la représentation des femmes au sein de la Chambre des cantons n’est certes pas garantie dans les rangs socialistes. Mais elle l’est encore moins dans ceux des partis bourgeois, avec le départ d’Anne Seydoux et de Karin Keller-Sutter en cas d’élection de cette dernière au Conseil fédéral.
Si l’on veut tendre vers une société plus juste et plus égalitaire, cela passe par une présence paritaire à gauche, mais également à droite
Une seule femme au Conseil des Etats? Une préoccupation de taille pour les Femmes* socialistes suisses tant il est inimaginable que le PS ne soit représenté qu’essentiellement par des hommes, mais préoccupation pour laquelle des mesures ont déjà été prises. Il y va de sa crédibilité. En ce sens, le 23 juin dernier, les délégué-e-s du parti ont accepté qu’à l’échelle suisse la moitié des candidat-e-s socialistes au Conseil des Etats soient des femmes. Ceci afin de viser à moyen terme la parité. Parité que le Parti socialiste, il est important de le rappeler, a déjà plus qu’atteint au Conseil national et au Conseil fédéral depuis 1993! A noter encore que le PS compte 45% de femmes parmi ses élus dans les gouvernements cantonaux (contre une moyenne de 24%). De quoi garantir une meilleure représentation des femmes en politique, des Femmes* socialistes suisses en particulier. Les désignations de candidat-e-s n’ayant pas encore eu lieu dans de nombreux cantons, cet objectif n’a rien d’illusoire.
Programme de mentorat
Le PS possède dans ses rangs un grand nombre de femmes compétentes qui peuvent figurer sur les listes du Conseil des Etats. Que cela soit au travers de leur engagement au sein du Conseil national, des Grands Conseils ou dans les exécutifs cantonaux et communaux, les femmes socialistes sont préparées et prêtes pour faire leur entrée à la Chambre haute. En cette année féministe, un programme de mentorat sera également mis sur pied pour accompagner les candidates qui ne siègent pas encore à Berne. Une façon de les faire profiter des expériences de camarades aguerries sur le plan national. Alors, au vu de ces éléments, est-il vraiment correct d’estimer que le Parti socialiste aurait un problème avec les femmes?
La détermination du PS sur les questions de parité n’est ainsi plus à démontrer, le constat n’est de loin pas le même pour les autres grands partis de notre pays. Atteindre une meilleure représentation des femmes en politique relève de la responsabilité de tous les partis. Si l’on veut tendre vers une société plus juste et plus égalitaire, cela passe par une présence paritaire à gauche, mais également à droite.
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