Histoire
AbonnéOPINION. Chef de la diplomatie suisse de 1945 à 1961, Max Petitpierre a apporté des réponses aux problèmes de la neutralité helvétique. Ses analyses et ses décisions restent d’actualité, explique l’historien Marc Perrenoud

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’isolement diplomatique de la Suisse nécessite de définir la politique extérieure au nom de la neutralité, de la solidarité, de l’universalité et de la disponibilité. Il s’agit alors de nouer des relations diplomatiques avec l’URSS, de contribuer à la reconstruction de l’Europe et d’aider les victimes de la guerre. Dès 1947, le conseiller fédéral Max Petitpierre, chargé du Département politique, regrette que la neutralité envahisse les discours politiques et risque de bloquer la diplomatie. «On donne à la neutralité un sens et une portée beaucoup trop larges, ce qui est contraire à notre intérêt et ce qui, un jour ou l’autre, peut se retourner contre nous et paralyser notre action dans la vie internationale. La neutralité doit nous inspirer la prudence: elle ne doit pas nous conduire à l’abstention et nous condamner à la passivité, ce qui pourrait devenir mortel pour notre pays. Sans compter que, si nous donnons nous-mêmes une interprétation extensive à la notion de neutralité, cette interprétation pourrait être invoquée contre nous. Je crois que nous devons éviter soigneusement de vouloir renforcer les affirmations de notre volonté de neutralité par des expressions comme «intégrale» ou «absolue», qui appartiennent à un passé récent, et en revenir sur le fond, dans la mesure du possible, à la notion classique de la neutralité, qui est liée au fait de la guerre.»