Opinion
AbonnéOPINION. L’avocat de sept victimes au récent procès d’Alieu Kosiah à Bellinzone raconte la ténacité qu’il a fallu pour que la procédure aboutisse. Pour Alain Werner, la justice suisse, dans des circonstances d’une extraordinaire difficulté, a permis à la compétence universelle de franchir une étape décisive contre l’impunité

Le débat d’idées ne se tarit pas quand montent les températures. Cet été, Le Temps a confié ses espaces dévolus aux opinions à six personnalités, chacune sur un thème et une semaine, avec mission d'y faire intervenir leurs propres auteur·es invité·es. C’est l’avocat genevois et chasseur de criminels de guerre Alain Werner* qui ouvre l’opération. Il est le curateur d’une série de tribunes sur la justice internationale.
- Hanna Burdoff: En Chine, «pour la sécurité de tous»
- Rune Steeberg: Répression des Ouïgours: et si nous restions factuels?
- Paola Gaeta: Les crimes au Xinjiang et les possibilités de la justice internationale
- Raphaël Jakob et Nils de Dardel: A Coppet, un crime contre l’humanité
- Nina Burri: La lutte contre l’impunité au cœur de la politique étrangère de la Suisse
Retrouvez toutes les contributions de la semaine dans notre dossier
Le 18 juin 2021, le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone a rendu un jugement condamnant Alieu Kosiah, ressortissant libérien arrêté à Lausanne, pour des crimes de guerre commis pendant la première guerre civile au Liberia. Comment et pourquoi des juges suisses ont-ils pu rendre un jugement à l’encontre d’un ressortissant étranger qui n’a commis chez nous aucun des crimes qui lui sont reprochés, qui n’est pas Suisse, et dont les victimes ne sont pas Suisses? La réponse à cette question tient en deux mots: la compétence universelle. Cette notion de droit pénal international, intégrée dans le droit national suisse, donne la compétence à un Etat de juger certains crimes, dont les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, dès que l’auteur se trouve sur son territoire.