Le ton était faussement candide. «Vous écrivez souvent pour dire du mal de Facebook et de ses dangers. J’ai quitté ce réseau, justement. Mais est-ce que je ne rate pas ainsi des contenus du Temps?» La vérité nous oblige à dire qu’une deuxième question suivait la première: «Et d’ailleurs, pourquoi Le Temps est-il toujours sur Facebook, associé à tant d’éléments négatifs dans vos colonnes? Ne devriez-vous pas être plus cohérents et mettre en harmonie vos actes avec votre parole?»

Les rencontres avec les lecteurs sont toujours fascinantes. Celle-ci avait lieu au Palais de Rumine à Lausanne, lors d’une Dispute consacrée à la haine, en octobre. Et les questions de François P. étaient lumineuses de simplicité. 

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Vous ne ratez rien

Il fut un temps où certains contenus du Temps figuraient sur Facebook et seulement sur la page Facebook du journal. Des concerts, des entretiens avec des personnalités invitées ou des séances de questions avec nos journalistes étaient proposés en direct grâce aux Facebook Lives du réseau, la possibilité de diffuser très facilement de la vidéo en direct à grande échelle, ce qui était encore nouveau en 2016. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le Temps permet la consultation d’absolument tous ses contenus – vidéos, infographies, conférences ou concerts – directement depuis son site en direct. (Une toute petite exception, quelques rares opérations publiées sur TikTok et sur Instagram).

Facebook n’est plus l’hôte de contenus particuliers, en revanche le titre a maintenu sa présence sur le réseau le plus populaire du monde… car c’est justement le réseau le plus populaire du monde. On peut s’en désoler: malgré les inquiétudes et les accusations, malgré les scandales à répétition autour des fake news, des contenus haineux ou des manipulations de données, malgré des tentatives de régulation des deux côtés de l’Atlantique, Facebook est toujours là.

Un réseau irremplaçable à cet instant, hélas

Ce ventre jamais rassasié de contenus gratuitement fournis par ses membres (médias compris) et qui siphonne leurs données pour s’engraisser grâce à la publicité ciblée reste une porte d’entrée difficilement remplaçable pour les médias, auxquels il continue de fournir un trafic régulier. Jamais en panne, toujours en expansion. Les dépenses publicitaires sur le réseau ont d’ailleurs augmenté de 10,5% entre le 2e et le 3e trimestre 2021, culminant à 28 milliards de revenus publicitaires au 3e trimestre 2021. Même si ses membres sont de plus en plus âgés, 60% des internautes du monde entier sont sur Facebook, bientôt trois milliards d’utilisateurs. En Suisse, c’est une personne sur deux, et bon gré mal gré c’est là qu’elle continue d’aller pour vendre une vieille commode, s’informer des bons plans d’un restaurant ou suivre la Fête de la musique retransmise en live. Et donc, aussi, lire Le Temps, dont le réseau augmente la visibilité internationale.

Facebook permet la discussion autour de nos articles – ce qui n’est quasiment pas possible sur notre site web. C’est donc là qu’une partie de la conversation avec notre audience se fait – même s’il faut bien reconnaître qu’elle n’est pas toujours de bonne qualité et que nos responsables des réseaux ont parfois fort à faire pour modérer les commentaires. Facebook nous permet aussi de diffuser largement nos appels à témoignage, qui nous valent toujours beaucoup de réponses. 

La page Facebook du Temps est proche aujourd’hui des 250 000 abonnés, qui ont accès tous les jours à une bonne vingtaine d’articles ou de contenus multimédias – moins d’un tiers de la production quotidienne de la rédaction, mais qui atterrit normalement directement dans leur fil d’actualité, une place de choix même si les algorithmes imposent leurs filtres. Il reste que notre communauté n’augmente plus que lentement et la part du trafic du site provenant du réseau a bien diminué avec le temps, aux alentours de 4% en décembre 2021. Ce sont les newsletters qui ont aujourd’hui le vent en poupe!

Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.