Opinion
AbonnéOPINION. La victoire de Biden a suscité bien du soulagement dans les chancelleries du monde. Pour autant, les fondamentaux de la politique étrangère américaine changeront moins que sa tonalité, écrit Josef Joffe, membre de la Hoover Institution de l’Université Stanford, et du comité éditorial de l’hebdomadaire allemand «Die Zeit»

La fin prochaine d’une présidence Trump qui aura duré quatre ans suscite une immense vague d’espoir. Celui que l’on a appelé le «grand perturbateur» sera bientôt remplacé par l’internationaliste et institutionnaliste Joe Biden, qui apprécie davantage l’Europe et l’OTAN, et qui, à la différence de Trump, traitera les amis de l’Amérique avec plus de considération que ses ennemis traditionnels, notamment en honorant les principes du libre-échange. Sur le plan de la sécurité, Biden ne malmènera plus ses alliés en proférant des menaces du type «Vous payez, ou nous partons»! Le multilatéralisme guidera à nouveau la politique américaine, qui renouera avec une hégémonie libérale, en lieu et place de l’étroite version illibérale promue par Trump.
«Libéral» sous-entend un ordre international fondé sur des règles, la défense de la démocratie, et des sociétés ouvertes. Non seulement Trump a abandonné ces principes, mais il a également démontré un penchant pour les dirigeants autoritaires de ce monde, flirtant tantôt avec le président russe Vladimir Poutine, tantôt avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un. (Les largesses de l’Amérique vis-à-vis de l’Arabie saoudite ne peuvent être uniquement attribuées à Trump, toutes les administrations ayant adhéré au célèbre adage: «C’est peut-être un salaud, mais c’est notre salaud.»)