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Les citoyens de Hongkong ne veulent pas baisser la garde

Contre Carrie Lam, leur dirigeante pro-chinoise dont ils exigent le départ, les manifestants continuent à se battre pour préserver les libertés qui leur avaient été promises en 1997

Ce dimanche à Hongkong. — © Anthony Kwan/Getty Images
Ce dimanche à Hongkong. — © Anthony Kwan/Getty Images

Visage du Mouvement des parapluies en 2014, le militant prodémocratie Joshua Wong, tout juste libéré de prison, vient donc de demander, ce lundi, la démission de la cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, au lendemain d’une nouvelle manifestation monstre contre le projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine. Ce sont en effet près de deux millions de personnes vêtues de noir qui ont défilé dimanche pendant des heures dans les rues du territoire semi-autonome, selon les organisateurs. Elles réclament toujours le retrait de ce texte controversé.

Lire aussi: les articles récents du «Temps» sur les manifestations à Hongkong

Cette fois, «la rupture est consommée entre les Hongkongais et leur dirigeante», clame Courrier international. Mais «il aura fallu attendre la marée humaine de dimanche» pour que Carrie Lam présente – avec «humilité» – ses excuses. Une «insulte», pour les manifestants. Et pour le président chinois, Xi Jinping, «cette affaire est en train de se transformer en casse-tête», selon la presse française citée par l’AFP. Car «soit il répond aux attentes […] et ce sera considéré comme une reculade par les conservateurs du Parti communiste. Soit il se braque en recourant à la répression et il se coupe du pôle d’influence économique que représente Hongkong.»

Si elle n’arrivera vraisemblablement pas au bout de son mandat, il semble exclu que Pékin la remplace dans le contexte actuel, sans que la population ait son mot à dire, comme cela avait été le cas en 2014, entraînant les manifestations pro-démocratie du Mouvement des parapluies. Les protestataires n’ont donc «pas l’intention de baisser la garde», vu le contexte plus général «d’un expansionnisme et d’un durcissement» dont le régime chinois ne fait même plus mystère. D’où cette «rupture croissante» entre un gouvernement local «sous la coupe des autorités de Pékin» et les habitants de la ville.

La cheffe de l’exécutif «se retrouve de plus en plus isolée», constate le [Washington Post](https://www.washingtonpost.com/gdpr-consent/?destination=%2Fworld%2Flarge-scale-protests-return-to-hong-kong-despite-suspension-of-extradition-bill%2F2019%2F06%2F16%2F7ea7f9c6-8ee0-11e9-b6f4-033356502dcestory.html%3Futmterm%3D.bb5fe1caa5cf&utmterm=.aeccc975680d)._ «L’humilité est un exercice difficile quand on est Carrie Lam», ironise pour sa part le SCMP. Elle n’a pas compris que «des tribunaux indépendants et des droits pour ses accusés», ça compte, aux yeux de la Gazeta Wyborcza polonaise. Lorsque la Chine a repris l’exercice de sa souveraineté il y a vingt-deux ans, elle avait promis de préserver l’indépendance pendant cinq décennies, selon la devise «un pays, deux systèmes»:

© Chung Sung-Jun/Getty Images
© Chung Sung-Jun/Getty Images

Or «la Chine a tout simplement été trop loin», écrivent Les Echos. Les «lois d’extradition» remettent purement en cause ce principe, «au moment où Pékin prétend établir progressivement l’état de droit en Chine en agitant le drapeau de la lutte contre la corruption». Rappelons que jusqu'en 2047, la métropole est «censée rester autonome et conserver son indépendance judiciaire, son service public et sa liberté d’opinion». Xi Jinping tiendra-t-il la promesse historique de Deng Xiaoping? A ce propos, certains commentateurs se révèlent beaucoup plus radicaux, comme celui du site Contrepoints.fr, cité par Eurotopics.net.

«Une organisation léniniste»

«La pression constante de Pékin pour «normaliser» Hongkong, dit-il, c’est-à-dire la déposséder de ses libertés et en finir avec son modèle de réussite insolente, est une leçon pour l’Occident. […] Il n’y a pas de modèle «capitaliste autoritaire» chinois, mais une organisation léniniste qui se sert des leçons économiques du capitalisme pour étendre sa domination jusqu’à vouloir en finir avec les avant-postes de la liberté en Asie, mais aussi partout dans le monde.»

Quelle «leçon de courage des manifestants de Hongkong», donc, face à l'«ambition impérialiste» de Pékin! En face, ce que fait le gouvernement hongkongais, c’est «trop peu» et «trop tard, pour les manifestants». Selon la Hong Kong Free Press, «Carrie Lam se contente d’excuses par communiqué de presse, pour «des lacunes dans le travail du gouvernement», mais pas pour son obstination à faire passer sa loi, ou la répression des manifestants par la police. Elle a même insisté sur le fait qu’elle allait continuer à servir les citoyens.» Mais Hongkong n’acceptera pas que la mascarade se poursuive avec cette dame de fer dont le site Ulyces.co raconte l’ascension vers le pouvoir.


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