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Les contours du Brexit de plus en plus flous

Les députés britanniques votent aujourd’hui et demain sur 15 amendements qui pourraient redessiner considérablement la sortie de l’UE du Royaume-Uni. Sueurs froides au gouvernement, auscultées par la presse

Manifestation ce lundi devant le parlement britannique. — © Kevin Coombs, Reuters
Manifestation ce lundi devant le parlement britannique. — © Kevin Coombs, Reuters

C’est la semaine de tous les dangers pour le Brexit. Theresa May a réuni en urgence les parlementaires conservateurs hier soir pour adjurer les rebelles à la sortie de l’UE de lui faire confiance et de lui laisser la main. Ces deux prochains jours, les députés doivent en effet voter sur 15 amendements déposés par les lords, majoritairement pro-Union européenne, qui modifient en profondeur tous les plans du gouvernement. Concrètement, les députés doivent décider s’ils conservent la possibilité de rejeter ou pas l’accord que le gouvernement de Londres va passer avec l’Union européenne à l’automne. Autrement dit, s’ils conservent le feu vert final, un droit de veto.

Après tout, une des raisons du Brexit n’était-elle pas la volonté du parlement britannique de reprendre le contrôle, contre une administration européenne peu démocratique? Ironie de l’histoire… L’heure est en tout cas grave pour les tabloïds: «Grande-Bretagne ou grande trahison, vous avez le choix», assène le Sun. «Les MPs remainer (partisans du maintien dans l’UE) ont le choix: faire confiance au peuple britannique ou déclencher une trahison honteuse.»

«Ignorez la volonté du peuple à vos propres périls», menace aussi le Daily Express, dans une «une» qui claque. «Souvenez-vous de ce vote important. Etes-vous au service du peuple ou pas?»

La semaine va donc être capitale. Les députés vont voter sur les 15 amendements déposés par les lords à partir de ce mardi midi, dont l’exigence du maintien des normes environnementales européennes ou la suppression de la date de retrait de l’UE, le 29 mars 2019, du texte de loi.

Deux amendements pourraient réellement mettre le gouvernement en danger. L’un donne au parlement le pouvoir de renvoyer, avec des directives, le gouvernement à la table de négociations si l’accord obtenu avec Bruxelles ne lui convient pas. Le second porte sur le maintien du Royaume-Uni dans l’union douanière, et sera discuté demain mercredi.

«Nous devons penser au message que le parlement va envoyer à l’UE cette semaine, a supplié hier soir Theresa May,citée par le Guardian, j’essaye d’obtenir le meilleur accord possible pour le Royaume-Uni, et j’ai confiance, je peux obtenir un accord qui nous permette de passer des accords commerciaux avec une frontière européenne la moins problématique possible. Mais si les amendements des lords sont votés, ma position de négociatrice va être affaiblie.»

Alors, se rebeller ou pas? «Des Tories pro-UE hésitent à voter contre le gouvernement, craignant que Theresa May puisse à terme être remplacée par un Brexiter sur une ligne encore plus dure», explique la BBC. Impossible de ne pas songer aux propos tenus par le ministre des Affaires étrangères, le remuant Boris Johnson, soigneusement fuités dans la presse la semaine dernière: «Nous allons combattre l’ennemi, tout à fait. Nous devons et nous allons le faire.» Mais «vous devez accepter le fait que cela puisse s’effondrer maintenant. OK? Je veux que personne ne panique durant cet effondrement. Pas de panique. Pro bono publico, pas de foutue panique, tout va bien se passer à la fin», a-t-il ajouté, ont rapporté plusieurs médias…

Le risque est d’autant plus grand que les travaillistes, même divisés sur l’opportunité de rester dans l’Espace économique européen, sont majoritairement hostiles au Brexit, et que l’addition de leurs voix à celles des tories récalcitrants pourrait avoir raison de Theresa May.

Le premier vote commence à midi et demi ce mardi, la session doit durer douze heures.

Ah, et encore: de nombreux médias citent l’étude du cabinet EY rendue publique lundi, selon laquelle les investissements étrangers en France ont augmenté de 31% de 2016 à 2017, et seulement de 6% au Royaume-Uni, en recul pour la deuxième année consécutive…