Juppé donné gagnant
Reuters titre donc son premier texte sur le débat de jeudi soir: «Les sondages donnent Juppé comme le gagnant de ce premier débat». Et la grande agence de presse, qui va donner le ton dans bien des sites et des titres de l’univers anglophone autour de la planète, de donner les résultats implacables du sondage effectué à la sortie de l’émission, mené sur 885 votants, pour le compte de BFMTV.
«Juppé, qui fait déjà la course en tête sur la base d’une plateforme centriste basée sur l’identité heureuse – ce qui signifie pour lui donner aux votants de l’espoir – a été perçu comme le plus convaincant parmi ceux qui disent qu’ils iront voter à la primaire de droite».
«Nicolas Sarkozy, un ancien président de la République roulant sur un programme de rétablissement de l’ordre public et qui a assuré vouloir faire retrouver à la France son statut de grande nation qu’elle est, a convaincu 27% des votants.»
Ce que l’équipe des cinq journalistes de Reuters a retenu pour le reste, ce sont les grandes similarités des sept candidats de la droite en ce qui concerne les propositions économiques: ils veulent tous réduire les dépenses publiques, ils veulent tous, peu ou prou, assouplir ou éliminer les trente-cinq heures, cette loi devenue une icône du paysage français. Là où les différences s’accentuent, c’est sur le terrain sécuritaire et la manière de juguler la menace terroriste.
Lire aussi: La primaire de la droite française évite le pugilat tant redouté
Reuters note un Nicolas Sarkozy tendu
Mais où Reuters informe et commente avec le plus de gourmandise, c’est sur les parties du débat qui ont vu les anciens ministres et les anciens alliés de Nicolas Sarkozy l’attaquer frontalement sur son manque de résultats lorsqu’il fut au pouvoir suprême; sur ses affaires et ses actuels démêlés judiciaires. Pour Reuters, pas de doute: Nicolas Sarkozy est apparu tendu, tandis que Juppé se retranchait dans la sobriété.
Le «Financial Times», pour sa part, a retenu d’abord la variété des thèmes sur lesquels les candidats en tête et leurs challengers ont exprimé leur désaccord: des impôts au burkini. Le grand quotidien londonien a aussi insisté sur l’importance que revêt cette primaire de la droite française dans la mesure où toutes les analyses semblent indiquer que ce sera le vainqueur de la primaire qui sera opposé à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017.
Le «Financial Times» pointe l’intégrité (ou pas) des candidats
Mais ce que le «Financial Times» a pointé, surtout c’est combien les challengers des deux éléphants qui font la course en tête – Nicolas Sarkozy et Alain Juppé – les ont cherchés sur des problèmes de crédibilité et d’intégrité. Dans cette perspective, le journal retient évidemment la déclaration cinglante de Jean-François Copé insistant lourdement sur le fait que, s’il avait été mis en examen, jamais il ne se serait présenté à cette primaire de la droite.
Un direct du droit à Nicolas Sarkozy et à l’affaire Bygmalion («Jean-François Copé, a former leader of the rightwing UMP party, took a jab at Mr Sarkozy for being embroiled in several legal cases, including an € 18 m illegal campaign funding scandal»).
A nouveau: Nicolas Sarkozy tendu et menaçant
Finalement, le «Financial Times» a trouvé, comme son confrère Reuters, Nicolas Sarkozy tendu et menaçant («tense and finger wagging»), mettant une emphase particulière à souligner son énergie et son désir d’action.
Tandis qu’Alain Juppé, professoral, a souligné son optimisme et sa modération. Attentif au gouffre des générations, le quotidien ajoute combien et Bruno Lemaire et Nathalie Kosciusko-Morizet ont encouragé les votants à se rendre aux urnes et à se tourner vers la jeune génération de leaders.
Et même: Nicolas Sarkozy colérique
Au «Telegraph», qui s’est mis en quatre pour suivre le débat, ce sont les déboires judiciaires de Nicolas Sarkozy qui sont mis en évidence ainsi que ses tentatives colériques de nier que ces présentes affaires le disqualifient pour la course au titre. Il est donc apparu au correspondant du «Telegraph» sur la défensive.
Les attaques dévastatrices de Copé
Et plus encore lorsque Jean-François Copé est venu lui rappeler combien peu il avait tenu ses promesses, une fois élu en 2007. Ce fut même, pour le «Telegraph», l’un des moments les plus critiques. Pour avoir suivi ce débat: on ne peut donner tort à Henry Samuel, l’auteur de cette analyse…