Aux Etats-Unis, le discours de Joe Biden sur l’état de l’Union, le plaidoyer pour l’Union et le bécot de l’Union
Revue de presse
Le premier discours du président désormais minorisé au Congrès a été un peu houleux. Les médias en relèvent les points forts, les «mensonges» et les coulisses

Il veut «finir le travail», a-t-il dit. Rendre à l’Amérique populaire sa «fierté» et à la nation divisée son «unité»: le président des Etats-Unis, Joe Biden, qui envisage de briguer un second mandat (ça paraît plus clair, désormais…), a livré mardi devant le Congrès américain un discours qui avait déjà des accents de campagne, selon USA Today, et dont la BBC résume très didactiquement, les cinq points à retenir. On peut aussi le lire dans son intégralité (en anglais) sur le site de la radio publique nationale NPR. Et sur celui de Politico.com, agrémenté d’un décryptage en live, sous forme de post-it virtuels en face des passages commentés. Très amusant à découvrir.
C’était donc le premier discours présidentiel sur l’état de l’Union devant un Congrès divisé, avec une nouvelle majorité républicaine à la Chambre des représentants depuis l’automne dernier. Courrier international relève qu’il y «a mis l’accent sur l’amélioration de l’économie», citant à ce propos le New York Times: il «s’est attribué le mérite de la baisse du chômage», actuellement à 3,4%. Ce qui constitue évidemment «une allégation trompeuse» aux yeux de la très conservatrice Fox News. Il a aussi «laissé entendre que son leadership aiderait un pays confronté à l’incertitude et une inflation élevée».
Notre compte-rendu: Devant le Congrès, Joe Biden vante la santé de l’économie américaine et vend son programme
Langue de bois? Cela fait toujours partie de l’exercice. D’ailleurs, le quotidien new-yorkais insiste aussi sur sa volonté de gouverner «à la suisse», pourrions-nous dire, avec son opposition, en s’adressant à elle avec ces mots: «Vous savez, mes amis républicains, nous avons pu travailler ensemble lors du dernier Congrès. Il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas travailler ensemble et trouver un consensus sur des choses importantes dans ce Congrès également.»
While delivering the #GOPResponse to the #SOTU, @SarahHuckabee said: The choice facing our nation is between "normal or crazy".
— Congressman Brad Sherman (@BradSherman) 8 février 2023
She's right: #Biden vs. #Trump
See my interview with @NewsNation⬇️ where I react to President Biden's #StateOfUnion address. pic.twitter.com/9zL9db8ucJ
Une bonne volonté qu’il a nimbé d’un humanisme couvé dans le nid de «ses origines ouvrières», en faisant preuve «d’empathie à l’égard des familles en difficulté» – «tout en se félicitant de la solidité des statistiques économiques», on l’a dit. C’est le Wall Street Journal qui l’écrit, soulignant au passage la bienveillance du père, en figure états-unienne toujours tutélaire. Ce Joseph R. Biden, Sr. (1915-2002), qui disait souvent au fils:
Joey, un emploi, c’est beaucoup plus qu’un salaire. Il s’agit de ta dignité
Le Washington Post fait quant à lui remarquer que l’actuel locataire de la Maison-Blanche «s’est attiré les huées des républicains» lorsqu’il a indiqué que certains de ses membres «voulaient réduire les dépenses en taillant dans les régimes sociaux, en particulier ceux d’assurance-retraite et d’assurance-santé à destination des plus âgés», respectivement dans «Social Security» et «Medicare».
Debout, le poing levé, l’élue trumpiste de Géorgie Marjorie Taylor Greene (ci-dessus) l’a notamment traité de «menteur», après s’être goguenardement promenée avec un grand ballon blanc dans les couloirs du Congrès quelques heures avant cette allocution, relate le site d’information TheHill.com, qui en parle comme d’un moment «mouvementé». Mais l’aérostat «espion» chinois abattu n’a guère été évoqué durant le discours présidentiel, et comme un problème réglé – et bien réglé. La Presse canadienne préfère donc le terme de «houleux» pour qualifier ce grand spectacle auquel Donald Trump, lui, aurait aussi assisté en ricanant longuement sur son propre réseau, Truth Social:
Play By PLAY analysis of the State of UNION , 9:00 pm 😃 pic.twitter.com/T6on6LjPna
— Laurie To (@laurie_to) 8 février 2023
Dans la foulée, l’agence Chine nouvelle ne mâche d’ailleurs pas ses mots, en écrivant que ce discours «intervient une semaine après la publication d’un sondage Gallup selon lequel la plupart des Américains restent pessimistes quant à la façon dont les choses se passent dans leur pays, seuls 23% se disant satisfaits, tandis que plus des trois quarts en sont mécontents. Pendant ce temps, l’évaluation globale de la performance professionnelle de M. Biden continue d’être extrêmement négative. Selon l’institut de sondage américain FiveThirtyEight, la cote d’approbation du président démocrate était de 43,2% mardi, tandis que la désapprobation du travail accompli par lui était de 52,3%. Les Américains sont plus nombreux à avoir une opinion négative de sa gestion de l’économie du pays.»
De toute manière, Joe Biden ne s’est pas laissé faire, à en croire le Los Angeles Times: «Il est apparu par moments combatif, […] alors qu’il ferraillait avec les républicains sur son bilan législatif, le déficit fédéral et la sécurité aux frontières». «Visiblement à l’aise depuis le perchoir de la Chambre des représentants», il «s’est même payé le luxe d’ironiser» sur ses adversaires politiques, relève France 24, «partisans d’une orthodoxie budgétaire», en leur lançant:
Laissez-moi vous dire: j’aime convertir les gens à mes idées
Le HuffingtonPost.fr relève quant à lui que le casting public était très soigneusement étudié, puisque «étaient présents dans l’hémicycle les parents de Tyre Nichols, jeune homme afro-américain mort après avoir été passé à tabac par des policiers à Memphis; un couple de lesbiennes; et une Texane qui a failli mourir des suites d’une fausse couche, les médecins ayant refusé de la traiter de peur de violer une loi limitant l’avortement.»
US President #JoeBiden called the climate crisis an "existential threat," noting that while the economy would still rely on oil and gas for the immediate future, he was "proud" America was addressing the challenge https://t.co/kK31J5Ym5q
— Hindustan Times (@htTweets) 8 février 2023
A part ça, 20 Minutes a retenu, lui, ce qui a «laissé de nombreux spectateurs interloqués: la première dame, Jill Biden, qui a salué le mari de la vice-présidente, Kamala Harris, avec un baiser appuyé au coin des lèvres, enflammant les réseaux sociaux. […] Mais était-ce sur la bouche… ou juste à côté?» se sont demandé des internautes incrédules. «Smooch of the Union», «Le bécot de l’Union», a ironisé le tabloïd conservateur New York Post, pour lequel il ne fait pas de doute que les deux se sont embrassés «sur les lèvres». Kellyanne Conway, ancienne conseillère de Donald Trump, «a profité de l’occasion pour tacler le camp adverse sur la pandémie»:
Wow, COVID really is over... https://t.co/GvZPnSL9v2
— Kellyanne Conway (@KellyannePolls) 8 février 2023
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