La patrouille «s’achemine pesamment, la trompe en avant, les oreilles au vent…» écrit 20 Minutes (France). Un troupeau d’éléphants a entrepris une randonnée de plusieurs centaines de kilomètres dans le sud-ouest de la Chine, traversant villes et autoroutes, tout en pillant les récoltes sur son passage, rapporte notamment l’AFP. Cette quinzaine de pachydermes, dont trois éléphanteaux, a quitté à la mi-avril sa réserve de Xishuangbanna, une région frontalière du Laos et de la Birmanie, pour se diriger plein nord sur quelque 500 km, a rapporté la télévision chinoise.

Celle-ci a diffusé des images des animaux traversant des villes de nuit, stationnant sur de grands axes ou bien mettant à sac des champs de maïs, comme le montre éloquemment aussi le reportage de France 24. Leur pérégrination est surveillée de près par les habitants et les autorités, équipées de drones afin d’éviter tout risque pour la population. Pour parer aux dangers, la Chine a mis sur pied une task force de 360 personnes avec 76 véhicules et neuf drones, explique le Guardian. Les animaux ont par ailleurs vidé un réservoir d’eau et les réserves de céréales d’une ferme, selon la télévision, qui évalue les dégâts depuis le début de leur périple à près d’un million de francs suisses, avec plus de 800 hectares de cultures saccagés. A noter que les éléphants peuvent se montrer hostiles dans ces milieux qui ne leur sont pas adaptés.

Pour tenter de les canaliser, les autorités cherchent à les attirer avec de la nourriture ou bloquent les routes à l’aide de camions. Mais, de leur côté, les zoologues ne comprennent pas ce qui a pu amener le troupeau à quitter sa réserve sur une distance aussi longue, même si les pachydermes tendent cependant ces dernières années à se rapprocher de villages, alors que les plantes qu’ils mangent habituellement sont remplacées par des espèces non comestibles pour eux.

Les éléphants sauvages sont protégés en Chine, avec une population évaluée à 300 têtes, contre moins de 200 dans les années 1980. Ils vivent exclusivement dans cette région touristique et tropicale de Xishuangbanna, mais selon les informations récoltées par le HuffingtonPost.fr, les brigades forestières chinoises prétendent qu’ils «migrent vers le nord depuis décembre 2020» et «les médias chinois avancent que ces éléphants se déplacent à cause des conditions géologiques qui provoquent de fréquents tremblements de terre dans la province de Yunnan». Une autre hypothèse court, celle-ci:

Le chef du troupeau se serait perdu, entraînant avec lui tous les autres

Sina Hunan

«C’est une épopée folle» aux yeux d’Europe 1. «L’affaire occupe les médias chinois depuis maintenant presque deux mois. Mais la situation se tend de plus en plus», car le risque, d’après le China Daily, «c’est de voir le troupeau foncer sur de la ville de Kunming et ses 6 millions d’habitants». Jeudi, les éléphants ne se trouvaient plus qu’à trois kilomètres de la cité. L’agence Chine nouvelle montre «les camions de fumier déployés pour tenter de les bloquer». Quelques fruits, majoritairement des ananas et des bananes, «ont également été dispersés» sur leur chemin «pour les inciter à rejoindre les montagnes».

Plusieurs explications

Le district de Jinning, près de Kunming, est donc fin prêt leur arrivée, selon Courrier international. «Les autorités locales ont déployé un dispositif important afin de prévenir les conséquences de leur passage» et «à l’heure actuelle, nous ne pouvons qu’alerter et si besoin évacuer le public, afin de minimiser les dégâts matériels», a expliqué Chen Mingyong, professeur de biologie et de sciences d’environnement à l’Université du Yunnan à Chine nouvelle et selon des informations relayées par The Paper:

Sous la direction du Bureau national des forêts et des prairies, une cellule spéciale de pilotage a pris la direction des opérations depuis fin mai à Kunming. Chen Mingyong explique aussi que leur «réserve est surprotégée, à tel point qu’elle n’est plus propice à leur développement». La floraison des arbres aurait aussi réduit leurs sources alimentaires. Ce spécialiste parle effectivement des séismes dans le Yunnan, mais ce déplacement rarissime pourrait également être d, «à l’irrégularité du champ géomagnétique, comme l’a expliqué le biologiste Xie Can à The Paper. Celui-ci suppose que «l’instinct de ces éléphants a été activé à cause des activités spatiales, notamment une vague de tempêtes solaires qui ont perturbé ce champ géomagnétique».

«Heureusement, malgré toutes les pertes économiques, aucune perte humaine n’a été enregistrée jusqu’ici», comme l’a précisé un agriculteur à la chaîne de télévision nationale CCTV: «L’important, ce sont les vies humaines. S’ils ont saccagé les récoltes, ce n’est pas grave.»

Sur les listes rouges

Et le HuffPost d’ajouter que les éléphants d’Asie font face, de manière plus générale, à de nombreuses menaces. «Ils sont fréquemment tués pour leurs défenses en ivoire. Ils sont également capturés, dressés et domptés par les humains. Enfin, la destruction des forêts […] a causé de nombreux maux à ces mammifères.» L’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) a d’ailleurs inscrit l’éléphant d’Asie et l’éléphant d’Afrique sur la liste rouge des espèces en danger d’extinction. Et selon le WWF, qui lutte pour la conservation de la faune et des espèces menacées, «la population mondiale d’éléphants d’Asie a diminué de moitié au cours des trois dernières générations. Il n’en resterait moins de 50 000 à l’état sauvage» dans le monde.


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