Le fantôme de Lady Di, le duc Harry et la duchesse Meghan de Sussex, plus un combat de reines: Elisabeth II contre Oprah Winfrey
Revue de presse
BBC versus CBS. Juste avant son passage dans l'émission de la papesse de l'interview-confession, le couple déchu de la Couronne d'Angleterre et très inspiré par feu la princesse de Galles pourra assister ce dimanche à la Journée du Commonwealth à la télévision britannique

Vous n’avez pas suivi? Alors reprenons. Après tout, puisque ces deux-là ont signé de juteux contrats avec les plateformes Netflix et Spotify, leur scénario de vie est quasiment mis en abyme désormais.
Flash-back. Le 19 janvier dernier, la justice britannique commence à examiner la demande de Meghan Markle, l’épouse du prince Harry d’Angleterre, de lui donner gain de cause contre la société éditrice du tabloïd Daily Mail, qu’elle poursuit pour atteinte à la vie privée, sans passer par un procès. Toute l’affaire, relativement compliquée et finalement assez peu intéressante, est alors résumée par l’Agence France-Presse (AFP). Elle rappelle singulièrement l’histoire de sa belle-mère.
Ténébreuse affaire
Le lendemain, on apprend – toujours via l’AFP – ce dont on se doutait un peu, mais avec quelques détails croustillants: le père de Meghan Markle affirme que sa fille lui a signifié «la fin» de leur relation dans une lettre au centre de cette action en justice de l’épouse du prince Harry contre le fameux éditeur, qui en a publié des extraits et estime qu’un procès est nécessaire pour faire toute la lumière sur la ténébreuse affaire.
Trois semaines plus tard, soit le 11 février, l’AFP, toujours fidèle au poste, annonce que Meghan Markle a remporté son action en justice au Royaume-Uni. «La requérante pouvait raisonnablement s’attendre à ce que le contenu de la lettre demeure privé», estime le juge Mark Warby, appelé par les avocats de la duchesse de Sussex à «se prononcer sans attendre un procès, prévu à l’automne». Pourquoi?
Parce qu’un procès aurait pu se révéler riche en révélations sur la vie du couple, installé en Californie depuis son éloignement de la monarchie britannique
Et c’est à partir de ce moment-là qu’on atteint l’acmé de cette histoire. D’ailleurs, trois jours après, le couple princier annonce – le jour de la Saint-Valentin, non mais! – qu’il attend son deuxième enfant (AFP). Dans la foulée, il perd ses derniers titres officiels (même source), notamment militaires, après avoir confirmé à la reine sa mise en retrait définitive de la famille royale britannique. Les titres sont rendus et répartis entre les autres membres de la famille. C’est aussi à ce moment-là que Harry et Meghan soignent leur com' en disant qu’ils doivent s’expliquer sur leur décision de couper les ponts avec la famille royale dans un long entretien à la star de l’interview-confession Oprah Winfrey, qui sera diffusé ce dimanche 7 mars à la télévision américaine.
Ils ont le mauvais goût de le faire au moment où le prince Philip, 99 ans, époux de la reine et grand-père de Harry, est hospitalisé à Londres après un malaise. Alors, ni une ni deux, la reine Elisabeth II se glisse dans la faille. L’AFP indique que la BBC diffusera le même 7 mars un message de Sa Majesté marquant la Journée du Commonwealth, quelques heures avant la diffusion aux Etats-Unis de l’émission d’Oprah Winfrey. Que va-t-elle dire? Bien malin qui pourrait le deviner, mais elle assurera, très certainement, comme toujours… La gardienne de la gloire de Buckingham sait y faire.
54 Etats et 2,4 milliards d’habitants
Officiellement, le programme sur la BBC remplacera la célébration du traditionnel office religieux initialement prévu le 8 mars à l’abbaye de Westminster, annulé en raison de la pandémie de coronavirus. Cette célébration de la Journée du Commonwealth, organisation regroupant 54 Etats pour une population de 2,4 milliards d’habitants, se tient depuis 1972 dans l’édifice situé au cœur de Londres. Stéphane Bern en a fait son miel:
Côté cours - Elizabeth II - Oprah Winfrey : combat de "reines" à la télévision https://t.co/TWu34DDBkz pic.twitter.com/dFH2u7ilSN
— Paris Match (@ParisMatch) February 27, 2021
Question, donc: cette odieuse tentative de détournement d’attention réussira-t-elle? On peut en douter quand on sait que les explications du duc et de la duchesse sur leur décision de se mettre en retrait de la monarchie et leur nouvelle vie à l’écart de la Couronne sont attendues avec impatience par les chroniqueurs royaux. Et surtout quand on sait que plusieurs interviews de membres de la famille royale britannique ont eu des conséquences désastreuses pour l’image du palais, comme celle de la princesse Diana en 1995 ou celle du prince Andrew en 2019.
Lire aussi: A Oprah Winfrey, le prince Harry justifie son retrait par la crainte «que l’histoire ne se répète»
Le couple s’est d’ailleurs vu, ces derniers jours, reprocher sa réponse courroucée à la décision de la reine de leur retirer les fameux titres et autres patronages. Selon des proches du prince William cités dans la presse, le frère aîné du prince Harry estime que le couple s’est montré irrespectueux voire insultant envers la reine en rétorquant vouloir continuer à offrir son soutien à différentes organisations, car «le service est universel», rôle officiel ou pas.
On s’accroche, ce n’est pas fini. Il y a un peu moins d’une semaine, jeudi dernier, lors d’un entretien diffusé jeudi soir à la télévision américaine relayé par l’AFP, le prince affirme que la pression de la presse britannique «détruisait [sa] santé mentale» pour expliquer sa décision de se mettre en retrait de la famille royale. «C’était une période très difficile. Nous savons tous comment la presse britannique peut se comporter, […] c’était nocif», dit le duc de Sussex au présentateur du Late Late Show, James Corden, lors de cette interview filmée à bord d’un bus à impériale à Los Angeles.
«The Crown» mieux que la presse
Seulement voilà. Tout en critiquant vertement les médias, le couple les utilise régulièrement pour faire passer ses messages: Meghan a par exemple annoncé en novembre dernier dans le New York Times qu’elle avait fait une fausse couche en juillet 2020. Lors de l’entretien avec James Corden, Harry évoque également la série télévisée à succès de Netflix The Crown: «C’est de la fiction, vaguement basée sur la vérité. Bien sûr, ce n’est pas complètement fidèle» à la réalité, dit-il. «Mais je me sens bien plus à l’aise avec The Crown qu’avec les histoires écrites [dans la presse] sur ma famille, ma femme, ou moi.»
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Et maintenant arrive donc ce long entretien avec Oprah Winfrey, précédé d’un buzz d’enfer et escorté… de feu la princesse de Galles. Dimanche, la chaîne CBS en a diffusé un bref aperçu. «Ma plus grande inquiétude était que l’histoire soit en train de se répéter», y déclare le prince, en se référant explicitement à la mort de sa mère, tuée le 31 août 1997 dans un accident de voiture à Paris alors qu’elle tentait d’échapper aux paparazzis qui la pourchassaient:
Et puis, alors que Meghan Markle et Harry tentent donc soigneusement de redorer leur image chez leur amie et papesse de la télévision, leur ancien staff accuse la duchesse de Sussex d’intimidation et de harcèlement. Des témoignages dévoilés ce mercredi par le Times, que le couple réfute fermement, selon Gala. Le quotidien de Londres s’appuie sur les déclarations de trois anciens collaborateurs: Meghan aurait eu un comportement «totalement inacceptable» et «humiliant». Le couple dénonce «une campagne de désinformation trompeuse et nuisible»:
Dans ce galimatias de vérités et de contre-vérités, «seulement quelques secondes» dévoilées par CBS «ont suffi pour faire couler des litres d’encre dans la presse», explique le magazine Elle. Harry explique à Oprah Winfrey «qu’il est soulagé de pouvoir se tenir ici présent aux côtés de [son] épouse après tous les événements passés», parce qu’il ne peut «pas imaginer ce que cela a pu être pour [sa] mère de traverser tout ça seule». Il fait ici bien sûr «écho au matraquage médiatique dont Meghan Markle a été la victime après leur mariage». Un destin qui rappelle évidemment celui de feu la princesse de Galles, «dont il parle avec émotion».
«La princesse des cœurs était d’ailleurs plus présente qu’on ne le pense» lors de cette émission enregistrée. Tous les regards se seraient tournés vers un bracelet «qui appartenait à Lady Di […] et dont Meghan Markle a hérité. […] Ce n’est pas la première fois que l’ex-actrice rend hommage à sa belle-mère, puisque sa bague de fiançailles comporte deux diamants issus de la boîte à bijoux de Diana»: ils viennent «de la collection de bijoux de ma mère, pour s’assurer qu’elle est avec nous dans ce voyage fou», confiait le prince Harry lors de ses fiançailles. Et Elle de publier les photos des «dix fois où Meghan Markle s’est inspirée des looks de Lady Diana»:
Et pendant qu’on est dans les symboles, rappelons au passage, comme le fait Closer, qu'«en juillet prochain, le prince Harry est attendu à Kensington Palace pour un événement dédié à sa mère. Ce même jour, le duc de Sussex est supposé assister à l’inauguration d’une statue de la princesse de Galles. Un événement auquel participera également son frère, le prince William, qui attend de pied ferme son cadet pour ce qui sera leurs premières retrouvailles depuis le départ de Harry de la monarchie. Mais s’il paraît impossible que le prince Harry soit aux abonnés absents le jour des célébrations, de plus en plus d’indices laissent à penser qu’il pourrait bien faire faux bond à son aîné», comme les restrictions de voyage liées au covid ou le fait qu’un nouveau-né s’annonce pour bientôt.
Alors, question abyssale: «Le prince Harry manquera-t-il l’événement qu’il ne peut pas manquer? Rien n’est moins sûr.» Et en attendant, le fossé entre les Windsor et les Spencer pourrait bien se creuser encore un peu, bientôt un quart de siècle après la tragédie du tunnel du pont de l’Alma.
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