«Nos bobos gauchos vont encore faire une crise d’apoplexie», ironise-t-on sur Twitter. Mais «cocorico!» quand même, s’exclame-t-on avec ironie sur la plateforme web de La France insoumise: Françoise Bettencourt Meyers, héritière de L’Oréal, et Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, sont, avec leur famille, la femme et l’homme les plus riches du monde. Une «première», selon le classement annuel Forbes pour 2023 publié ce mardi et relayé par l’Agence France-Presse. «Le luxe, c’est vraiment le secteur qui résiste à tout», en conclut BFMTV:

En 2022, Bernard Arnault s’était classé troisième du palmarès annuel dominé par Elon Musk, patron de Tesla, Twitter ou encore SpaceX, et Jeff Bezos, fondateur d’Amazon. Mais en décembre dernier, le milliardaire français les a détrônés en devenant avec sa famille la plus grosse fortune mondiale, disait le classement «en temps réel» établi par le magazine américain, en fonction notamment des cours de bourse et des taux de change. La fortune d’Arnault est estimée à 211 milliards de dollars, Forbes précisant avoir fait ses calculs «en utilisant les cours des actions et les taux de change du vendredi 11 mars 2023». On parle donc bien ici de «valeur capital», et non de «valeur travail».

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«Pour la première fois dans l’histoire du classement, l’homme et la femme les plus riches de France sont également les plus riches du monde. Une double performance qui témoigne de la vigueur de l’économie française, malgré les crises successives que notre pays traverse, directement ou indirectement», met en avant Forbes France. Ce, alors que Bernard Arnault incarne presque à lui seul «la cible de l’opposition à Emmanuel Macron», constatait en janvier dernier le quotidien espagnol El Mundo, à tendance conservatrice, rappelant avec Courrier international qu’en 2019, il a été «accusé de vouloir défiscaliser la donation de 200 millions d’euros promise pour la réparation de la cathédrale Notre-Dame de Paris».

Mais l’animosité à son égard, «nourrie par les débats sur la réforme des retraites, se trouve alimentée par un autre refrain de la gauche: taxer les riches et les superprofits». Alors ça chagrine forcément Linsoumission.fr: «On est jaloux, […] on a une fixette, une obsession. Pendant que l’essentiel des médias du pays passe son temps à parler des «assistés» d’en bas, on est têtus, on veut parler des assistés d’en haut, des parasites qui confisquent toutes les richesses dans ce pays et qui détruisent la planète, mais que vous ne voyez jamais.»

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Cependant, «alors que les écarts de richesse sont plus visibles en raison de l’hyperinflation qui sévit dans les pays développés, l’heure n’est pas à la célébration des grandes fortunes», reconnaît le site LaTribune.fr. «Du moins, en Europe et en France. Mi-mars, 130 eurodéputés écologistes et de gauche ont en effet réclamé [ce] nouvel impôt pour les «ultra-riches». Très présente dans l’Hexagone, l’ONG Oxfam a même appelé à l’abolition des milliardaires en début d’année.» Mais en Suisse, il faut ici rappeler au passage que dans le canton de Genève, le match sur la fiscalité opposant la gauche et la droite s’est terminé par une nette défaite pour les partisans d’une hausse le 12 mars dernier.

Quant à Françoise Bettencourt Meyers (et sa famille), onzième fortune mondiale avec 80,5 milliards de dollars, elle est pour la troisième année consécutive la femme la plus riche du monde. Elle l’avait également été en 2019, succédant à sa mère, Liliane Bettencourt, première femme du classement en 2016 et 2017, année où elle décéda en laissant derrière elle le souvenir d’une retentissante affaire judiciaire liée à des soupçons d’abus de faiblesse par sa fille.

Mais en attendant, «qui n’a pas un produit L’Oréal chez elle/lui? Qui n’a pas célébré un événement en buvant un champagne Moët & Chandon? Au lieu de critiquer Bettencourt et Arnault, on devrait être fiers, car ils contribuent au rayonnement de [la France] à l’international», commente une internaute sur son compte Twitter. Alors qu’un autre y voit «le symbole d’un système économique qui accélère considérablement l’enrichissement de quelques-uns mais appauvrit l’immense majorité. Inique, intenable, détestable.»

Dans les commentaires à l’article de 20 Minutes, un lecteur rappelle enfin qu’«Arnault reste domicilié en France et paie ses impôts en France. Ces 211 milliards sont la valeur de ses parts dans son groupe. Il ne possède pas ce pognon sur un compte en banque. Certains n’ont pas l’air de comprendre. Et chacune des sociétés, employés, employées et succursales paie des impôts. Sans parler de la TVA sur chaque produit vendu. Ce sont les gars comme lui qui font tourner un pays.»

Alors qu’un autre, plus mutin, est bien obligé de le constater: «Au rythme où ça va, l’homme et la femme les plus pauvres du monde seront Suisses»…


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