L’imam de Bienne se défend bec et ongles et nie tout propos haineux
Revue de presse
Selon Abu Ramadan, qui s’exprime ce vendredi dans le «Tages-Anzeiger», ses propos soi-disant haineux contre les autres religions ont été sortis de leur contexte et mal traduits. «Le traducteur est un menteur», prétend-il

«Oh, Allah, je vous demande de détruire les ennemis de notre religion, de détruire les juifs, les chrétiens et les hindous, les Russes et les chiites.» Voilà un peu plus d’une semaine que le bénéficiaire de l’aide sociale Abu Ramadan, qui aurait prêché de manière haineuse contre d’autres religions dans la mosquée Ar-Rahman de Bienne, fait les gros titres de la presse alémanique.
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Jusqu’ici, Abu Ramadan, soupçonné d’œuvrer dans un langage proche de celui des Frères musulmans ennemis de «l’emprise laïque occidentale», s’était muré dans le silence face aux accusations massives qui pesaient contre lui. Mais ce vendredi, le bénéficiaire de la protection sociale de Nidau, près de Bienne, s’exprime enfin dans le Tages-Anzeiger.
Il y tente de noyer le poisson en niant toute forme de prêche haineux de sa part, parfaitement conscient du fait qu’il vit en Suisse grâce à l’argent du contribuable. La fameuse citation incriminée qui figure ci-dessus a selon lui «été mal traduite et sortie de son contexte»: «Der Übersetzer ist ein Lügner», dit-il. «Le traducteur est un menteur.» L’affirmation suscite un tollé sous ce même article, que le Tagi a aussi publié sur Facebook et sur Twitter:
Treffen in Bern: So war das Interview mit Abu Ramadan - Zwei -Journalisten trafen den Prediger aus Biel. Zwei S... https://t.co/zxysVbaggQ
— Presse- & Mediennews (@Medien_News) 1 septembre 2017
Selon le résumé que donne 20 Minuten de cet entretien, le religieux libyen bénéficiaire d’un permis C et de l’AVS en Suisse admet aussi qu’il ne maîtrise «aucune des langues nationales suisses», même après vingt ans de séjour. Le cours de français auquel il avait assisté, prétend-il, n’avait «malheureusement» lieu qu’une fois par semaine et le tournus des enseignants y était élevé. Maintenant, il se dit «trop âgé pour apprendre le français ou l’allemand».
Néanmoins, et toujours dans le but évident se protéger, Abu Ramadan se trouve «bien intégré» et semble regretter de ne «jamais avoir trouvé d’emploi fixe» lorsqu’il voulait travailler. Bref, ce cas particulier qui avait déjà été repéré par les autorités communales depuis pas mal de temps soulève plusieurs questions qui fâchent: celles de la surveillance des imams et des bénéficiaires de l’aide sociale de longue durée en Suisse, ou de l’intégration des réfugiés.
«Dix ou douze fois en Libye»
Il avoue aussi s’être rendu «dix ou douze fois en Libye» des dernières années – pays qu’il a fui en 1998 au nom de la persécution dont il disait être victime sous Kadhafi – malgré le fait que son statut en Suisse le lui interdisait. Mais il dit qu’il ne «le savait pas», surfant sur les doutes qui auraient pu surgir dans son esprit une fois que l’ex-dictateur de Tripoli est tombé.
De facto, il considérerait qu’un retour définitif en Libye représenterait «une menace pour sa vie». Comme «guide touristique», il aurait aussi «emmené dix fois» des pèlerins à La Mecque et sur d’autres sites islamiques. Une occupation qui ne lui a «pas rapporté d’argent, mais ses vols et ses nuitées lui étaient payés». Quant aux plus de 600 000 francs d’aide sociale qu’il a touchés en treize ans à Nidau, il ne pipe mot: «C’est ma vie privée.»
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