Les Lions de l’Atlas échouent au pied de la finale, mais la tête haute
Revue de presse
Les Français ont remporté la demi-finale de la Coupe du monde 2 à 0 contre le Maroc, mais les Lions de l’Atlas n’ont jamais démérité et ont marqué cette rencontre par une ténacité et un engagement largement salués par les médias

En battant dans la douleur le Maroc au stade al-Bayt au Qatar, la France décroche son ticket pour la finale du Mondial 2022 et défendra son titre dimanche contre l’Argentine de Lionel Messi. Mais mercredi soir contre les champions, les Lions de l’Atlas ont eux gagné le cœur du peuple marocain en se livrant corps et âme dans la bataille. Alors qu’aucune nation africaine n’était jamais entrée en demi-finale, la sélection de Regragui ne s’est jamais laissée intimider et a pesé de tout son poids face aux Français, lui causant plusieurs frayeurs.
«Ils ont fait un très beau match mais la chance n’a pas été de notre côté. On a tenu tête aux tenants du titre, c’est superbe», se réconfortait à l’issue du match Oussama Abdouh, 35 ans, un supporteur casablancais, cité par l'agence AFP. A Rabat, dans une capitale imbibée de pluie, loin des explosions de joie qui avaient fêté ses précédents exploits au Qatar, le parcours fantastique de l’équipe marocaine a été salué par des salves de klaxons et des rassemblements festifs au son des tambours.
«Une épopée qui restera gravée dans les esprits des Marocains et qui sera certainement contée par les générations futures, malgré cette défaite en demi-finale. Les Lions ont définitivement démontré leur capacité à tenir tête aux géants mondiaux, et cette fin dramatique n’est peut-être que le début d’une nouvelle ère pour le football marocain», soulève le quotidien chérifien Le Matin. Un exploit qui fait dire au New York Times que «d’une certaine manière, cette Coupe du Monde sera toujours celle du Maroc».
Lire aussi: La Coupe du monde en 80 jours du Maroc
La «bravoure» du Maroc
Sur le terrain, ce sont toutes les compétences emmagasinées par les Bleus qui ont compté. Malgré un but tricolore d’entrée de jeu (Théo Hernandez, 5e minute), puis un deuxième en fin de match (Randal Kolo Muani, 79e), l’équipe nord-africaine a égalé les joueurs de Didier Deschamps pendant une grande partie de la rencontre. Les Lions ont dominé la possession sans pouvoir concrétiser, manquant de percussion au moment d’ajuster Hugo Lloris, et leurs adversaires ont exploité les moindres failles en tentant d’aggraver le score sur des coup-francs.
Les Français «ont dû largement puiser dans leurs réserves d’expérience pour remporter le match», commente The Indian Express. Et Le Matin d’ajouter: «Les Bleus de Deschamps ont fait le choix judicieux de céder le ballon aux Lions, l’emportant ainsi de la même manière qui a fait la réputation du Maroc au Qatar. Le Maroc semblait faire face à son propre piège, celui tendu à la Belgique, à l’Espagne et au Portugal.» Pour un autre titre marocain, L’Opinion, les Marocains ne méritaient pas cette défaite, malgré une certaine «naïveté», «tellement leur prestation a été plus que satisfaisante avec un parcours qui a honoré, non pas uniquement les Marocains, mais aussi toute l’Afrique et le monde arabo-musulman».
Lire aussi: Au cœur des Bleus, Antoine Griezmann vole comme un papillon et pique comme une abeille
Une page d’histoire
Dans la presse française, la performance de l’équipe nord-africaine est également saluée. «Les Bleus n’ont pas fait les fiers face à un Maroc plein de bravoure», note L’Equipe, ajoutant que la victoire des Bleus est «un exploit majuscule, avant un rendez-vous immense» contre l’Argentine. Le Monde évoque de son côté «une demi-finale longtemps indécise», avant que l’équipe de France ne se défasse «non sans mal» de la sélection de Regragui.
Dimanche, les Bleus de Didier Deschamps auront l’occasion d’entrer un peu plus dans l’histoire: seules deux nations ont réussi à conserver leur titre de champions du Monde, le Brésil de Pelé (1958 et 1962) et l’Italie à l’époque fasciste (1934 et 1938), où seules seize équipes prenaient part au tournoi. Mais malgré leur défaite, les Marocains sont eux aussi entrés dans l’histoire. Un avis partagé par leurs supporters, interrogés par Al-Jazeera (que mentionne Courrier international) à la sortie du stade Al-Bayt. «Nous avons écrit une page d’histoire», a déclaré à la chaîne Yassine Azami, venu de Tanger. «Les joueurs nous ont rendus si fiers de notre pays que nous ne pourrons jamais les remercier assez.» Le supporter, âgé de 35 ans, s’attend à ce que les joueurs et leur entraîneur soient accueillis «à bras ouverts» à leur retour au Maroc.
Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.