«Nom de domaine RememberingPaulWalker. com: mise à prix 35 000 dollars. Autocollant Paul Walker RIP: 5 dollars. T-shirt «#RememberTheBuster»: 17,99 dollars. Chemise portée par l’acteur durant un tournage: mise à prix 10 000 dollars. T-shirt porté par l’acteur durant un tournage: mise à prix 1000 dollars. Affiche dédicacée de Fast & Furious 6 dédicacée par l’acteur: mise à prix 3499,95 dollars. Autographe de l’acteur: mise à prix 399,99 dollars.»

On le sait maintenant, mais on le répète pour les exilés dans une autre galaxie: âgé de 40 ans, l’acteur américain Paul Walker s’est tué le week-end dernier à Santa Clarita, au nord-ouest de Los Angeles, après que la Porsche dans laquelle il se trouvait a percuté un arbre et pris feu. S’il est rare qu’une disparition suscite une si «vive émotion sur le Web et les réseaux sociaux», relève Euronews, «la fin tragique de la star de Fast and Furious a également déclenché un commerce en ligne alimenté par des petits malins qui tentent d’exploiter le filon. De nombreuses enchères et ventes directes ont été ainsi mises en ligne sur Ebay.»

Un hymne à la vitesse

L’acteur en question est donc connu pour avoir incarné le personnage de Brian O’Connor dans la saga à succès. Pour qui n’en aurait jamais vu ne serait-ce qu’un seul épisode, ce sont des films remplis de bolides customisés qui font la course entre eux de manière effrénée. Mais pourquoi, grands dieux, alors, un tel délire pour cet hymne insensé à la vitesse? Est-on en face d’une inédite et spectaculaire mise en abyme que l’acteur Tyrese Gibson, photographié en larmes, alimente en multipliant les hommages et en suscitant beaucoup d’émotion sur Twitter?

Que Paul Walker soit devenu une célébrité mondiale d’un jour à l’autre en quittant ce monde, c’est donc peu dire et sans doute mésestimer l’aura du personnage dans la communauté qui s’agite autour de la franchise automobile. Au point que l’annonce de sa mort, lit-on dans Le Huffington Post, «n’est pas sans rappeler les disparitions subites célèbres qui les ont fait passer du statut de star à celui d’icône»: «Elle a suscité des réactions sur la Toile sans précédent. Sûrement du fait de la vitesse» – encore elle! – «à laquelle l’information s’est propagée. Une vidéo de la voiture en feu était disponible sur le site TMZ quelques minutes seulement après le drame», par exemple.

Mieux qu’Obama

Dès l’annonce de l’accident, «le compte Facebook officiel de Paul Walker a enregistré une explosion des connexions» et a multiplié par 20 (!) le nombre de ses followers, de 600 000 à plus de 12 millions. Le mot-dièse Twitter #PaulWalker a été échangé, lui, «plus de fois que celui lié à la photo de Barack et Michelle Obama lors de sa réélection, et l’article du […] Monde.fr sur sa mort a été l’article le plus partagé de l’histoire du journal». Celui du Figaro.fr le plus consulté.

Sur un ton hollywoodien, Libération confirme le scénario, romantique en diable: «James Dean littéralement enfoncé, c’est Paul Walker la nouvelle golden star foudroyée du crash mythologique en Porsche. Celle du teenager de La Fureur de vivre était la Spyder; la Carrera rouge sang du dieu blond de la série nitroglycérinée Fast and Furious, à sa 7e reprise en plein tournage, s’est emplafonnée et calcinée net contre un arbre, samedi, dans le quartier de Santa Clarita, Los Angeles, à 15h30 pile.»

«Plébiscité, partagé, tweeté et retweeté»

Tout ce ramdam n’évite évidemment pas, comme souvent dans ce genre de cas, l’humour et l’ironie. Sur le site Meltybuzz, par exemple, on apprend que STTZ™ (@SanTTcheZ) , «un graphiste aux mœurs douteuses, s’est mis en tête de faire preuve d’humour noir» en publiant une photo d’un corbillard tuné, qui «a vite provoqué l’indignation de nombreux internautes». Ou, dans la même veine, ce tweet sacrément belge de Godelieve Wintroll ‏(@InGodwinwetrust) : «Vous imaginez l’émoi terrible que provoquerait à Flagey la mort tragique de Poelvoorde dans un accident de vélo? #GhislainLambert #PaulWalker»…

C’est donc «un des buzz web les plus viraux et importants depuis la création de la Toile», renchérit Metronews: «Les internautes ont plébiscité, partagé, tweeté et retweeté en masse les articles parus dans la presse […], dans des proportions qui n’ont pas manqué d’étonner les professionnels du secteur et les observateurs. […] Plusieurs éléments expliquent un tel niveau de partage: tout d’abord, le succès de la licence Fast and Furious, très plébiscitée auprès des communautés d’amateurs d’automobiles, de jeux vidéo ou encore de courses. Les très nombreux hommages des stars de Hollywood sur Twitter ont aussi fait naître un fort intérêt pour ce sujet.»

Et si c’était une blague?

Et d’ajouter: «La personnalité très «carpe diem» de l’acteur, le spectaculaire de l’accident, l’émotion générale, l’actualité plutôt calme du week-end… Autant d’éléments à l’origine d’un buzz étonnant pour un acteur dont le nom était jusqu’ici assez peu connu du grand public. Autre explication possible: à l’annonce de l’accident […], les premières réactions ont suggéré une mauvaise blague», jouant sur le comble de l’affaire: «De quoi voir s’envoler les audiences des sites d’info, sources sûres au milieu d’une Toile jamais à l’abri de fausses rumeurs.»

Bref, on a affaire ici à «un nouvel exemple, s’il en est besoin, de l’importance grandissante des communautés et des réseaux sociaux dans la diffusion de l’information».

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