La Corée du Nord a tiré ce mardi plusieurs missiles de croisière supposés à courte portée en direction de la mer du Japon depuis la ville de Munchon, dans l’est du pays, indique l’état-major de l’armée sud-coréenne. Enième rebuffade face au reste du monde, confiné, tétanisé par le virus que l’on sait. Trop concentré, donc, sur d’autres problèmes? C’est en tout cas l’hypothèse que font les observateurs.

Toujours est-il que ça «bouge» à Pyongyang où son dirigeant, Kim Jong-un, a procédé à un remaniement majeur au sein de la Commission des affaires de l’Etat (CAE), organe coiffant tous les autres pouvoirs. Plus du tiers de ses membres ont été renouvelés, rapportaient lundi des médias officiels, cités par l’Agence France-Presse.

Un pouvoir toujours consolidé

Le petit-fils du fondateur de la République populaire et démocratique de Corée n’a cessé de consolider son pouvoir depuis qu’il a succédé à son père, Kim Jong-il, en 2011. Il est notamment président de la CAE, dont cinq des 13 membres viennent d’être remplacés. Ces changements de têtes ont été forcément entérinés dimanche par l’Assemblée populaire suprême, le parlement nord-coréen, rapporte lundi l’agence officielle KCNA. «C’est un remaniement plutôt large», estime Rachel Minyoung Lee, ex-membre de l’administration américaine et experte de la Corée du Nord.

La CAE avait été créée en 2016 en remplacement de la puissante Commission de la défense nationale (CDN), qui était l’organe suprême de prise de décision politique. Ce dimanche, des photos publiées par le journal nord-coréen Rodong Sinmun montraient des centaines de membres de l’Assemblée populaire suprême assis tout près les uns des autres, sans la moindre distance sociale recommandée par tous. Aucun ne portait un masque.

Un communiqué du gouvernement réaffirme par ailleurs la position constante du la Corée du Nord selon laquelle «pas un seul cas» du nouveau coronavirus ne s’est développé sur son sol, alors même que l’épidémie partie de la Chine voisine s’est propagée à la quasi-totalité des pays du monde. Et alors qu’elle donne pieusement, chaque jour, les chiffres sud-coréens:

Officiellement, Pyongyang a placé des milliers de Nord-Coréens et des centaines d’étrangers, notamment des diplomates, en confinement et a procédé à d’importantes opérations de désinfection pour éviter une épidémie qui, selon les experts, serait catastrophique dans un pays au système de santé notoirement défaillant. Mais «le fait que Pyongyang ait maintenu la réunion parlementaire suggère que le pays veut montrer qu’il a confiance dans ses capacités à faire face à la crise du coronavirus», ajoute Rachel Minyoung Lee. Et «le fait que les participants ne portent pas de masque va dans le même sens».

Parmi les personnes qui font leur entrée dans la Commission des affaires de l’Etat figure notamment Ri Son-gwon, un ex-officier de l’armée qui a été nommé en début d’année à la tête du Ministère des affaires étrangères. Son prédécesseur, le diplomate chevronné Ri Yong-ho, a été évincé de la CAE, comme l’ex-ministre des Affaires étrangères Ri Su-yong. Signe que l’image du pays doit être défendue à l’extérieur par des hommes à la botte du grand leader Kim Jong-un.

Depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir, la Corée du Nord a fait d’extraordinaires progrès dans ses programmes d’armement, notamment nucléaire. Elle a ainsi lancé des missiles suffisamment puissants pour atteindre l’intégralité du territoire continental des Etats-Unis. Ce qui lui a valu une série de sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies. A ce sujet, les négociations avec Washington sont au point mort depuis l’échec retentissant du sommet de Hanoï entre les deux présidents à la fin de février 2019.

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En attendant, les missiles de croisière lancés ce mardi matin «ont survolé quelque 150 kilomètres», précise l’agence Belga. Ce, après qu’en mars dernier, suivant «trois mois de calme relatif», Pyongyang avait «procédé à des tirs d’essai de plusieurs missiles balistiques. Franceinfo, pour sa part, indique que pendant «que l’attention du monde entier se concentre sur la pandémie de coronavirus», la Corée du Nord continue donc tranquillement «son développement militaire».

«Les missiles balistiques sont propulsés très haut dans les airs et retombent à une vitesse très rapide vers leur cible en raison de la gravité. Les missiles de croisière, eux, demeurent à basse altitude, parfois à quelques mètres seulement de la surface, ce qui les rend plus difficiles à détecter. Ils nécessitent des systèmes de guidage très sophistiqués afin d’atteindre leur cible.»


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