L’occasion était trop belle pour ne pas paraphraser une fois de plus les propos devenus cultes d’Alain Berset: voici devant nous «une rentrée scolaire aussi normale que possible, mais aussi adaptée que nécessaire aux circonstances», écrit ArcInfo. Oui, les élèves valaisans, neuchâtelois et jurassiens reprennent déjà leur cursus scolaire ce lundi en classes complètes. «Malgré la pandémie», dit l’ATS. Si le port du masque n’est pas exigé à l’école obligatoire – les cantons romands le prévoient pour le secondaire – les règles sanitaires devront être respectées. En dépit du Covid-19, les trois cantons veulent une rentrée la plus normale possible.

Lire aussi: tous les récents articles du «Temps» sur la rentrée scolaire en Suisse romande (et ailleurs)

Le Service de l’enseignement jurassien souhaite aussi une année scolaire la plus valable possible au niveau des notes. «On ne veut pas qu’une génération d’élèves soit estampillée Covid», a déclaré la semaine dernière le ministre chargé de la Formation, Martial Courtet. «Les écoles sont des foyers potentiels de Covid-19 et le retour de vacances comporte des risques supplémentaires», ajoute le magistrat. Dans le Jura, les effectifs sont en augmentation de 48 élèves, pour un total de 8099 écoliers.

«Des mesures fortes»

Les autorités ont ainsi annoncé «avoir pris des mesures fortes, en rendant par exemple le port du masque obligatoire pour tous les enseignants, mais aussi les élèves du secondaire II, quand le respect des distances ne sera pas possible», indique Le Quotidien jurassien. «L’accent sera également mis sur le développement de l’éducation numérique. Depuis février et pendant toute la période d’enseignement à distance, les élèves jurassiens et de la partie francophone du canton de Berne ont pu profiter du site Educlasse.ch.» Un outil «qui a démontré toute son utilité» pour les autorités. Les classes en ont largement tiré bénéfice «pour communiquer, effectuer des activités et rendre des devoirs pendant les semaines de confinement. Elles ont continué à l’utiliser après le retour dans les écoles.»

Pour cette rentrée, le canton de Neuchâtel a décidé d’atténuer les conséquences de l’enseignement à distance en augmentant les périodes de soutien pédagogique. Le nombre qui y est dévolu sera augmenté de 25% en 8e année et de 33% pour les autres années. Le Conseil d’Etat a décidé d’octroyer «1 million de francs supplémentaire» dans ce but, a expliqué à Saint-Blaise Monika Maire-Hefti, conseillère d’Etat.

Le SSP peu satisfait

Le Syndicat des services publics (SSP) estime que «ces chiffres sont trompeurs», car dans la pratique, cela correspond à une période de soutien par classe tous les quinze jours, «soit une mesure très insuffisante pour espérer rattraper le retard pris par les élèves entre la mi-mars et la mi-mai». Il aurait trouvé plus judicieux de dédoubler les classes pendant une ou deux périodes par semaine sur une durée peut-être plus courte dès la rentrée scolaire.

Le nombre d’élèves à l’école obligatoire neuchâteloise est en recul de 181, à 19 601, phénomène notamment lié à des départs hors canton. Par rapport au Covid-19, «le nombre d’élèves et de professeurs vulnérables est de moins de 1% en moyenne dans le canton de Neuchâtel», ajoute la cheffe du Département de l’éducation et de la famille. Le nombre d’élèves en quarantaine – notamment ceux de retour de vacances – n’est pas encore connu. Les masques sont offerts aux élèves durant les deux premières semaines après la rentrée du post-obligatoire.

«Un dernier câlin»

Les 1675 écoliers de 1re année pourront être accompagnés de leurs parents en classe pour leur premier jour d’école, si les précautions d’usage sont respectées. «On veut toutefois éviter des rassemblements de parents en classe. Il faudra utiliser l’espace et le temps pour permettre de garder les distances», précise Jean-Claude Marguet, chef du Service de l’enseignement obligatoire. Ajoutant que «les parents auront […] le droit d’aller jusqu’en classe, histoire de faire un dernier câlin» aux plus petits, mais ils sont invités «à n’y rester que le temps nécessaire». Décidément, conclut ArcInfo

… Possible, nécessaire… Deux adjectifs qui dictent nos vies à tous depuis plusieurs mois

Selon l’évolution sanitaire, le canton a planifié différents scénarios: un ou plusieurs établissements scolaires neuchâtelois pourraient être fermés, des demi-classes introduites ou un retour à l’enseignement à distance mis en place.

Lire aussi cet éditorial du «Temps»: Harmoniser l’école, encore un effort!

«Entre mars et mai dernier, Myriam Facchinetti a tenu pour ArcInfo une chronique de l’enseignante. En 13 épisodes, elle a raconté son vécu pour poursuivre l’enseignement à distance avec les élèves de sa classe de 3e HarmoS au Collège des Parcs, à Neuchâtel. Aujourd’hui, elle prépare sa rentrée dans une nouvelle classe à Valangin où, avec une collègue, elle accueillera désormais 25 élèves de la 1re à la 4e HarmoS.» Elle se dit «très confiante». Concernant les élèves, elle va «commencer avec eux comme d’habitude», mais «travailler par petits groupes et ils pourront mieux progresser. Et en cas de reprise de la crise sanitaire, nous sommes désormais prêtes et nous saurons comment faire sur le plan technique.»

Dans le canton du Valais, plus de 43 400 élèves de l’école obligatoire et du secondaire II, 8400 apprentis et 4900 enseignants au total retrouvent aussi les salles de classe ce lundi. Les masques pour les enseignants – qui devront en porter dans les lieux communs, les couloirs et s’ils ne peuvent pas respecter la distance sanitaire – sont fournis, explique le Département valaisan de l’économie et de la formation. «Pour les élèves du secondaire II, les masques, qui sont obligatoires, seront donnés la première semaine», puis il ajoute:

Nous considérons que cela fait partie du matériel scolaire à prendre en charge [par les parents]

«Il faudra faire avec: le masque est le nouvel élève de la rentrée valaisanne 2020-2021», titre à ce propos Le Nouvelliste, car «c’est la solution la moins mauvaise vu la situation actuelle». «De multiples questions sont cependant encore ouvertes. Que se passera-t-il si un élève ne se sent pas bien en portant le masque? Comment devront réagir les enseignants avec les réfractaires refusant la mesure de protection?»

Un seul mot d’ordre: convaincre

«Il faut qu’on commence et on verra. On a fonctionné comme cela tout au long de ces mois depuis le confinement. Il a fallu s’adapter constamment. C’est ce qu’on va faire, là encore», répond Thomas Progin, président de l’Association des professeurs du secondaire. «Pour le psychologue Philip Jaffé, il s’agira surtout de convaincre les étudiants de l’utilité des masques pour leur santé et celle des personnes qui les côtoient»:

Il ne sert à rien d’être dans la répression-punition avec des adolescents. Il faut qu’ils adhèrent à ce qu’on leur propose

Le quotidien valaisan ajoute dans un encadré que cela «aura un certain coût. Pour une famille de deux enfants au collège, il faudra par exemple compter une quarantaine de francs par mois si les étudiants utilisent deux masques par jour. […] Pour les masques en tissu, les prix varient beaucoup, entre 5 et une quinzaine de francs. Un seul masque ne suffira cependant pas pour toute la semaine, puisqu’il doit être lavé à 60 degrés après chaque utilisation.»


Retrouvez toutes nos revues de presse.

Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.