«Je ne vais pas vous demander de vous apitoyer sur mon sort», écrit-il, «je demande seulement d’être traité comme tout le monde.»
Plus concrètement, le cinéaste franco-polonais revient sur plusieurs épisodes de son bras-de-fer avec la justice américaine. Il donne notamment des détails sur un témoignage recueilli au mois de février aux Etats-Unis. Le procureur à la retraite Roger Gunson a corroboré, assure-t-il, sa propre version des négociations menées en 1977 avec la justice californienne, devant laquelle il avait plaidé coupable de relations sexuelles avec une mineure. Les déclarations de l’ancien magistrat, estime-t-il, contredisent sur plusieurs points la demande d’extradition américaine.
Il conclut sur l’espoir «que la Suisse reconnaîtra qu’il n’y a pas lieu à extradition et que je pourrai retrouver la paix et ma famille en toute liberté dans mon pays.»
La Suisse a officiellement été informée le 28 avril du rejet par la justice américaine d’une demande de jugement par contumace du cinéaste, mais elle doit encore décider de son extradition ou non vers les Etats-Unis.
Le réalisateur, arrêté sur mandat international américain le 26 septembre à son arrivée à Zurich pour un festival de cinéma, a été libéré le 4 décembre sous caution et assigné à résidence dans son chalet de Gstaad, la station huppée des Alpes suisses.
En mars 1977, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans et déjà réalisateur mondialement connu, avait couché avec une jeune fille de 13 ans, en marge d’une séance de photographie chez l’acteur Jack Nicholson. Poursuivi par les parents de l’adolescente, il avait reconnu le détournement de mineure, mais s’était finalement enfui des Etats-Unis avant que la peine ne soit prononcée, craignant d’être lourdement condamné en dépit de ses aveux.
Il n’a jamais remis les pieds aux Etats-Unis, même pour y recevoir l’Oscar du meilleur réalisateur qui lui a été décerné en 2003 pour «Le pianiste». Si Roman Polanski a fui les Etats-Unis, c’est, selon son avocat Hervé Témine, parce que le juge américain s’apprêtait à dénoncer un accord entre les parties et autorisé par la loi américaine.
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