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Saveurs du français. Hypostase, l'extase de l'idée

Elevons le niveau. Après les injures et les mots rabâchés, cette petite

Elevons le niveau. Après les injures et les mots rabâchés, cette petite chronique évoquera les délices des mots issus des sciences et des arts. Car si les termes scientifiques renvoient souvent à une réalité complexe voire éreintante, leur simple évocation peut être source d'une agréable poésie.

Ainsi, «hypostase». Selon le Vocabulaire philosophique de Lalande (PUF), c'est une «substance considérée comme une réalité ontologique». Le terme désigne une entité fictive faussement considérée comme une réalité. Le mot est séduisant, situé dans un espace riche en associations, entre hypothèse et extase. Qu'on ne s'y trompe pas, il a aussi une modernité étonnante. Au hasard, prenons ces militants à la casquette rivée sur le front, qui hurlent dans un mégaphone réglé trop fort, pour qui l'Etat incarne le père absolu – ou la mère Helvétie, selon les fantasmes de chacun. En face d'eux, ces patrons ou ces économistes au cou rougi sous la cravate trop millimétrée, qui peaufinent des présentations Powerpoint représentant le Marché comme une sorte de dieu avide – ou de divinité gloutonne. Pour ces drôles de sires qui s'y adonnent, l'hypostase doit bien tenir de l'extase.