Ces données indiquent que dans les familles migrantes faiblement qualifiées (donc sans formation post-obligatoire), la mobilité ascendante concerne près de 90% des secondos: 32% d’entre eux atteignent le niveau tertiaire, et 57% le niveau secondaire II. Cette mobilité ascendante est semblable à celle mesurée chez les enfants natifs de la Suisse. Pour les secondos dont le parent a achevé un niveau secondaire II, près de la moitié (46%) présentent une mobilité ascendante (niveau tertiaire), une proportion identique à celle observée chez les natifs. Enfin, parmi les parents primo-migrants de niveau tertiaire, 68% des enfants atteignent le même niveau, une proportion plus élevée que chez les natifs (63%). Dans ce groupe, la mobilité descendante est une situation minoritaire et concerne essentiellement un passage au secondaire II.
D’une manière générale, la mobilité intergénérationnelle des enfants de migrants est semblable à celle des enfants de natifs. En allant plus dans les détails, on peut observer qu’elle est élevée pour les Espagnols et les Français, comparativement aux autres groupes d’étrangers. Elle est plus faible pour les ressortissants de Macédoine et du Kosovo, les deux groupes observant la plus forte immobilité.
Ces résultats apportent une information utile pour les politiques d’intégration, notamment en milieu scolaire. Les variations observées en fonction de l’origine peuvent être liées à différents facteurs. D’une part, l’ancienneté du flux migratoire: arrivées plus récemment en Suisse, les familles originaires des Balkans se caractérisent ainsi par des difficultés accrues pendant la scolarisation de leur enfant, comparativement à d’autres nationalités. Ces difficultés peuvent être liées à de plus faibles capacités d’aider l’enfant engagé dans une scolarité différente de celle du pays d’origine, mais aussi à des aspects en lien avec des pratiques discriminatoires et au coût pour la famille d’une formation qui se prolonge.
Afin d’éviter l’émergence de minorités défavorisées, qui resteraient cantonnées dans des activités faiblement qualifiées, il est important de vérifier que le système scolaire offre à chacune et chacun, quelle que soit l’origine, les mêmes chances de réussite. Les résultats obtenus suggèrent que des adaptations allant dans ce sens sont toujours nécessaires.
* Voir P. Wanner, «La mobilité éducative des secondos en Suisse». Social Change in Switzerland, No 30, juillet 2022, www.socialchangeswitzerland.ch