ÉDITORIAL. L’Italie sera le principal bénéficiaire du plan de relance post-Covid-19 adopté par l’UE le 21 juillet. Une aide opportune et nécessaire pour un pays jadis très europhile, qui a peu à peu perdu la flamme européenne

Longtemps décrite comme le pays le plus europhile de l’Union européenne, l’Italie était sur le point de perdre la foi dans le projet européen, se sentant trahie, voire abandonnée. Au front au moment de la crise migratoire de 2015, elle n’a pas bénéficié d’une solidarité que le régime de Dublin a été incapable d’instituer. Etat européen le plus dévasté par la pandémie de Covid-19, elle a dû attendre une éternité avant d’obtenir le soutien de Bruxelles. Mais depuis le sommet européen du 21 juillet dernier, tout a changé. Ou presque.
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L’Italie va être le principal bénéficiaire du plan de relance historique de 750 milliards d’euros adopté par les Vingt-Sept. Au vu des principes qui sous-tendent l’Europe, c’est un juste retour des choses pour ce membre fondateur de l’UE. N’était-ce pas l’Italien Alcide De Gasperi qui jouait les médiateurs entre la France et l’Allemagne au moment de créer les premiers fondements de l’UE, la Communauté européenne du charbon et de l’acier, en 1951? Aujourd’hui, c’est le couple franco-allemand Macron-Merkel qui vient au secours du président du Conseil italien, Giuseppe Conte.
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Pour Bruxelles, la mutualisation des dettes de l’Union européenne au profit notamment de l’Italie était une nécessité impérative. L’euroscepticisme italien a commencé à prendre des proportions inquiétantes. Il s’est matérialisé jeudi dernier par la création d’un parti Italexit en faveur de la sortie du pays de l’UE. L’Italie traverse la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale. Un décrochage économique (le pays affiche une dette publique représentant 157,6% du PIB) de l’Italie menacerait l’existence même de l’UE.
L’accord historique du 21 juillet renforce de fait la position du chef du gouvernement, Giuseppe Conte, qui avait déboulé sur la scène politique transalpine un peu comme un inconnu à la faveur de la désormais défunte coalition populiste du Mouvement 5 étoiles et de la très anti-européenne Ligue de Matteo Salvini. A en croire un récent sondage, les Italiens le considèrent comme le meilleur premier ministre depuis 1994.
A Bruxelles, Giuseppe Conte a montré une belle combativité. Il en retire les fruits. Mais maintenant une tâche dantesque et de grosses responsabilités l’attendent. Le Palazzo Chigi devra montrer, pour que la manne européenne ait du sens, qu’il est capable de fédérer les forces politiques, de mettre en place rapidement un programme de réformes de la bureaucratie, de lutte contre la corruption et d’investissements dans des infrastructures productives pour relancer une croissance économique en berne. S’il y parvient, le pays mais aussi l’UE en sortiront grandis. Dans le cas contraire, les populistes seront aux aguets pour dynamiter le projet européen.
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Il y a 7 mois
Hæc est Italia, diis sacra.
Il y a 7 mois
N en déplaise a ceux qui croient encore a l europe, l italie est déjà perdue. Ils prendront l argent ne rembourseront rien et se feront mettre au banc de l union, et se sera l occasion rêvée pour eux de larguer les amarres. Je donne 5 ans avant que cela se passe!
Il y a 7 mois
Je précise, l europe a déjà perdue l italie. ABE
Il y a 7 mois
Tout n’est pas perdu. Si le montant n’arrive pas trop tard, pour sauver l’économie, peut être la droite pourra de nouveau ‘coexister’pour le distribuer équitablement .
Il y a 7 mois
L'Italie, ça me botte !
Il y a 7 mois
Je partage la lucidité de Mariano M. qui considère comme pratiquement inévitable le divorce entre l’Italie et l’UE. Giuseppe Conte prendra les millards de Bruxelles, les considérant comme une juste indemnité compensatoire d’un divorce qui trouve bien sûr son origine dans l’indifférence générale qu’à reçu ce beau pays lors de ses criantes difficultés. Quand c’est trop tard....ne reste plus qu’à prendre l’argent . Et tchao, tchao !
Il y a 7 mois
Connaissons-nous même approximativement les termes de la pénétration économique chinoise en Italie ?
Il y a 7 mois
In reply to (sans sujet) by michel JEANNOT
Je n'ai pas de chiffres, mais l'industrie textile italienne compte beaucoup sur l'apport de main-d'oeuvre chinoise. Par ailleurs, Milan est l'un des aéroports européens les plus connectés à la Chine, en particulier avec Wuhan.
Il y a 7 mois
Je ne suis pas aussi pessimiste que Mr. Mariano car en effet l'Italie est un pays extraordianire avec une histoire unique et excetptionelle et a souvent surpris par ses capacitès de rebondir .Mais les difficultès accumulées depuis de nombreuses années vont rendre la tache extrèmement difficile à Mr. Conte . Le programme de réformes de la bureaucratie, de lutte contre la corruption et d’investissements dans des infrastructures productives pour relancer une croissance économique en berne sera très difficile à appliquer car les forces politiques adverses font tout faire pour miner ces efforts . Mr. Conte est certainement le meilleur premier ministre depuis 20 ans et nous a tous surpris mais il aura besoin d'etre soutenu par toutes les forces politiques et les italiens et là les choses se compliquent grandement.
Espèrons qu il aie la force , la ténacité, le courage et la santé quil a démontré jusquici pour poursuivre ce travail titanesque . Déjà avoir réussi à gagner cette première bataille est un bon point mais la guerre n' est pas gagnée. Faisons lui confiance et espèrons qu'il puisse mener à bout cette tache . C' est tout ce que nous pouvons souhaiter au plus beau pays du monde . Viva l'Italia
Il y a 7 mois
In reply to (sans sujet) by Babette Verazzi
Oui, la tâche de Giuseppe Conte sera très difficile. Fédérer les forces politiques en Italie sera une vraie gageure. L'époque n'est de plus pas au rassemblement, mais à un éclatement des scènes politiques européennes. L'Italie n'y fait pas exception. Il reste que le plan de relance de l'UE est une chance. L'Italie devrait la saisir pour investir dans des infrastructures nouvelles qui font sens dans l'environnement économique nouveau dans lequel nous sommes. Elle pourrait en profiter pour tenter de réduire le fossé toujours plus béant entre le Nord et le Mezzogiorno en développant des trains à grande vitesse et d'autres infrastructures utiles. L'UE, mais aussi la Suisse ont tout intérêt à ce que l'Italie de Conte réussisse.
Il y a 7 mois
@Babette je comprends votre optimiste. Mais selon le point de vue de nombres d italiens, il n est en rien pessimiste de penser a une rupture avec l union. Au contraire. Confindustria, le medef italien en parle, 3 partis politiques, la ligue, fratelli d italia, et le nouveau italexit en fait leurs batailles, plentant les graines depuis des années dans l opinion italienne. Et malheureusement les faits leurs donnent raison. Appauvrissement depuis l entrée dans l euro, pas de soutient sur le teme de la migration, spéculation sur la dette italienne minant le budget de l état sur les intérets, paradis fiscaux au sain de l union qui volent de l argent a l état, perte du niveau de vie de puis 20 ans... l italie avait déja des problèmes avant l union, mais cette dernière ne fait que les amplifier. L opinion a coupé les ponts, il ne reste plus qu un politique courageux pour donner l estocade finale. L union ne tient qu a un fil.
Il y a 7 mois
L'Italie est peut être déjà perdue, mais il faut quand même essayer de la garder dans l'UE. C'est vital pour l'UE.
Garder l'Angleterre n'était pas vital pour l'UE. Mais si l'UE perd l'Italie, alors cela en sera fini de cette Union.
Il y a 7 mois
Le plan de relance européen ne vise pas à sauver seulement les pays de l'Europe du Sud ( Italie et Espagne) mais je crois que l'Allemagne et les pays frugaux n'ont pas intérêt non plys à ce que les pays en question sombrent dans la récession, en raison notamment de l'interdépendance croissante engendrée par le marché unique. Par ailleurs le remboursement de la dette commune pourrait très bien donner lieu à une augmentation de la pression fiscale dans chacun des 27 pays de l'UE, vu que les mondalités de financement sous forme de ressources propres sont loin de faire l'unanimité. Dans cette hypothèse la solidarité budgétaire serait une solidarité en trompe l'oeil et l'Italie se verrait dans l'obligation d'accroître sa dette. Dans ce scénario le seul avantage pour l'Italie ce serait d'emprunter à l'UE à un taux d'intérêt bas en bénéficiant de la qualité de la signature de l'UE auprès des marchés financiers. En résumé le plan européen va apporter une respiration financiére et sans doute réparer rapidement les dégâts causés par la crise sanitaire en tant que choc exogène, mais il ne semble pas être la panacée à la construction bancale de la zone euro, dans la mesure où la mutualisation de la dette commune est un mécanisme exceptionnel et temporaire même si d'aucuns le considérent comme un pas vers le fédéralisme fiscal.
des subventions
Il y a 7 mois
In reply to (sans sujet) by NOEL BENALOU
Le plan de relance est un plan européen. Il n'a pas pour vocation de ne venir en aide qu'à un ou deux pays (du Sud), mais il paraît manifeste que les "frugaux" et l'Allemagne se rendent compte du danger de laisser un pays de la zone euro, en l'occurrence la 3e économie de l'UE, sombrer dans une grave crise économique et financière. Le plan de relance de l'UE est une mesure urgente qui ne prendra cependant effet qu'en 2021, 22 voire 23. Il ne change rien sur l'architecture de la zone euro et n'a pas pour but de résoudre les problèmes récurrents de l'UE. Mais la mutualisation des dettes la première dans l'histoire de l'UE, revêt, selon certains analystes, un caractère fédéraliste qui pourrait contribuer à changer à terme certains fondements de l'euro. Il reste que pour l'Italie, les défis demeurent considérables.
Il y a 7 mois
En mutualisant sa dette, l'UE a fait un pas important et historique vers une intégration plus profonde. Elle en sortira renforcée, ce qui bénéficiera à tous ses membres, Italie comprise.
Il y a 7 mois
Je suis d'avis que le plan de relance européen concerne les 27 membres de l'UE et qu'il constitue sans doute une première étape vers le fédéralisme fiscal. Si j'ai mentionné seulement deux pays dans mon commentaire en l'occurrence l'Italie et l'Espagne, c'est parce que ces deux pays se sont taillé la part du lion dans le partage du gâteau de la subvention européenne ( en raison d'un fort recul de leur PIB, de la situation de leurs finances publiques, secteur important du tourisme...). A cela s'ajoute que le fait que l'Italie et l'Espagne ne voulaient pas d'une aide de type MES conditionnelle à des réformes structurelles ( réformes du marché du travail, système de retraite, fonction publique...).
Cependant la zone euro avec ou sans plan de relance continue de souffrir d'une décentralisation de la macroéconomie : 19 pouvoirs budgétaires indépendants et un pouvoir monétaire unique. Une telle situation comporte potentiellement en germes des tensions au sein de la zone euro, tout particulièrement en cas de chocs exogènes symétriques ou idiosyncratiques. C'est pourquoi personne ne conteste le fait que le fédéralisme fiscal est le pendant manquant à la monnaie unique et le plan de relance européen tend à jouer temporairement ce chainon manquant pour que les pays latins ne sombrent pas dans une récession profonde qui mettrait fin à la monnaie unique. Mais force est de constater que l'Europe est contrainte de se réinventer sous la pression des événements sur lesquels elle n'a pas de prise. Enfin la marche vers l'intégration budgétaire nécessite le passage par la case de la démocratie, autrement dit, un plan de sauvetage aussi nécessaire soit-il, conçu par des technocrates dans l'urgence pour éviter le naufrage de la monnaie unique ne saurait constituer une légitimité démocratique pour accélérer la marche vers l'intégration politique sans demander l'aval des citoyens européens. Enfin il est regrettable que le plan de relance soit devenu un open bar, y compris pour les pays disposant de leur propre monnaie ( Suède, Danemark, Hongrie, Pologne...) et dont certains s'en moquent de l'état de droit comme de l'an quarante.