«Il bruinait sur Berlin.» C’est avec ces simples mots que commençait, dans l’édition du Temps du 11 novembre 2004, un article sur le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe. Et c’est à eux que je dois une lettre de lecteur qui, dix-neuf ans après, continue de m’habiter. Une de ces lettres que l’on garde dans la main et dans le cœur à chaque fois que l’on remue ses archives. J’en connais chaque mot au plus profond. C’est celle d’un homme qui, quatre-vingt-cinq ans après, est toujours hanté par la mort de son frère et attaché au devoir de mémoire. Une de ces lettres qui, au fil du Temps, ont tissé la toile particulière, faite d’autant de confiance que d’exigence, de proximité mais aussi de farouche indépendance d’esprit, qui nous lie aux lecteurs. Ce tissu d’humanité que nous partageons.